Interview de Marie Choquel, fondatrice de Mama and you  

Lorsqu’on devient parent pour la première fois, on pense souvent que les premiers mois seront les plus difficiles… Et puis la vie nous rattrape en nous montrant, jour après jour, mois après mois, année après année, que le sommeil, c’est carrément plus long, variable et que rien n’est jamais acquis (dans le bon comme dans le mauvais sens malheureusement). La team Popote est donc ravie d’avoir pu discuter avec Marie, spécialiste du sommeil bébé et enfant de 0 à 5 ans et accompagnante post-natale. Elle nous dit tout sur ce mystérieux et impénétrable sujet : le sommeil des petits. On a appris mille choses! Rencontre. 

On parle de quoi ?

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?  

Je m’appelle Marie, j’ai 38 ans et trois enfants : Jules, Anna et Jade qui ont respectivement 9, 5 et 2 ans. Mon métier aujourd’hui c’est accompagnante en post-natal et spécialiste du sommeil. J’exerce depuis 4 ans et je n’ai jamais été aussi épanouie.

Comment je suis arrivée à ça ? Pour être honnête, je me suis orientée vers le sommeil des bébés un peu par hasard… A la base j’avais quitté mon emploi pour monter des crèches et le Covid et ses galères sont arrivés donc il fallait trouver un plan B. En voulant trouver une alternative, j’ai découvert ce métier et j’ai trouvé ça génial. Même si je n’ai jamais connu de problématiques de sommeil avec mes enfants,  j’ai développé une passion pour ce sujet et aussi, j’ai eu la chance d’être formée par une accompagnante canadienne incroyable. Je suis très reconnaissante.  

Pouvez-vous nous parler des différents rythmes de sommeil ?  

Chez le nouveau né (combien de siestes, combien de temps, repère entre jour et nuit) 

Jusqu’à 3 mois, bébé dort entre 14 et 18 heures par jour. Il a des phases d’éveil courtes et des cycles de sommeil tout aussi courts. Tout est très variable d’un enfant à l’autre. Certains enfants vont faire 3 siestes quand d’autres vont en faire 6. En tout cas au début, la quête de chaque parent c’est de lui inculquer la différence entre le jour et la nuit… En attendant, bébé va dormir de manière assez aléatoire. Globalement il faut attendre 6 à 8 semaines pour qu’un enfant fasse la différence entre le jour et la nuit.

Comment lui faire comprendre ? En journée, on lui fait faire des balades, on interagit avec lui. La nuit, on chuchote, on baisse la luminosité…. Les premiers mois, pour pouvoir dormir 6 heures d’affilée il faut surtout qu’il grandisse et sur ce sujet, c’est surtout lié à son estomac!  

Entre 6 à 12 mois  

On voit que le rythme d’un enfant se dessine entre 4 et 6 mois et si on est encore sur des siestes aléatoires à partir de 6 mois il y a une certaine régularité de 3 siestes environ. Entre 8 et 10 mois on passe à 2 siestes grâce à un temps d’éveil beaucoup plus visible. Bébé grandit donc il commence non seulement la diversification alimentaire puis ces phases d’éveils sont rythmées par de nombreux apprentissages!  

Parlons des fameux réveils nocturnes… Pourquoi bébé se réveille autant ? Comment l’aider à s’endormir ? 

Les réveils nocturnes sont tout ce qu’il y a de plus normal ! Le sommeil est structuré d’une certaine façon et même nous, adultes, en avons ! Ils surviennent toutes les deux heures environ, sauf qu’en tant qu’adultes, nous savons nous rendormir : changer de position, bouger notre oreiller… Et hop, on repart dans un cycle de sommeil. Bébé lui, a des cycles de sommeil de 40-45 minutes et il se réveille à chaque fin de cycle sans forcément savoir comment se rendormir. Lorsqu’ils sont tout-petits, ils arrivent à enchaîner 3-4 cycles maximum car ils ont faim. Mais en grandissant, ils dorment une petite heure et finissent souvent par avoir un micro-réveil que l’on peut traduire par des gazouillements, des couinements, voire même il s’assoit si on l’observe avec un babyphone. Mais cela ne veut pas dire que bébé a besoin de nous ! Il essaye simplement de retrouver son sommeil… Et puis souvent, il n’arrive pas à se rendormir donc ils nous appellent. En fonction de l’âge de l’enfant, l’apprentissage aussi joue beaucoup sur le sommeil. Chaque étape importante comme le quatre pattes, se retourner, enfin toutes ces choses bouleversantes peuvent créer des réveils nocturnes. Dernière chose et pas des moindres : on a tendance à ne pas voir son enfant grandir donc on se calque sur le même rythme sauf que tout évolue ! Ce qui lui convenait il y a deux mois ne lui convient peut-être plus aujourd’hui donc il faut sans arrêt être dans l’observation et à l’écoute. Enfin, n’oubliez jamais : plus un enfant dort, mieux il dort !  

Les régressions du sommeil est-ce que ça existe vraiment? 

C’est un terme que l’on employait il y a fort longtemps et que je ne trouve pas très adapté. À l’époque, on l’utilisait pour expliquer et justifier certaines périodes de vies de l’enfant (que l’on vient d’évoquer plus haut) et les difficultés que cela peut entraîner. Oui parfois bébé est en phase d’apprentissage et cela le stimule énormément donc cela se répercute sur son sommeil, ses phases de sieste… Mais ce n’est que temporaire !

Dans les idées reçues sur le sommeil, on trouve en #1 le fameux “Il faut laisser bébé pleurer pour qu’il apprenne à s’endormir seul.” Vrai ou faux ?  

J’entends énormément de parents évoquer ce sujet en consultation ! Il y a ceux qui ont essayé et qui n’ont pas du tout aimé cette sensation, d’autres pour qui ça n’a pas fonctionné… Bref ! Je fais justement ce métier pour ça. Personnellement, je ne suis pas capable de laisser un enfant pleurer en regardant ma montre pendant longtemps. Avant oui, c’était préconisé, d’où cette “légende urbaine”. Mais aujourd’hui on sait qu’on peut faire autrement ! C’est si dur pour un bébé, en tant que parent notre devoir c’est de l’accompagner. Les pleurs d’un tout-petit sont importants : c’est leur seule façon de s’exprimer pour le moment. Donc le laisser pleurer sans répondre à sa façon de communiquer c’est non, je pense qu’il faut l’accompagner et pour ça, quand on se sent dépassé, il faut se faire aider.  

Alors, justement… Comment aider bébé à trouver son rythme sans se mettre de pression ? 

Ce qui est important c’est de connaître le rythme de son enfant et de bien savoir que TOUS sont différents, je le vois TOUS les jours en consultation ! Ce qui va fonctionner avec un enfant ne fonctionnera pas avec un autre car ils ont des besoins différents. On a tendance à comparer les enfants entre eux, même au sein d’une même fratrie ! Il faut observer son bébé sans se mettre la pression (genre tout noter ce n’est pas obligé sauf si ça nous rassure). C’est quelque chose que l’on pense faire mais on le fait pas tant que ça, croyez-en mon expérience ! Observez bien les premiers signes de fatigue, quand vous proposez de dormir à bébé demandez-vous si ça se passe bien, si vous devriez peut-être avancer de 5 ou 10 minutes la sieste etc… C’est évidemment en tâtonnant que vous allez trouver le rythme qui fonctionne pour vous et le mettre en place naturellement ! Ce rythme est amené à changer perpétuellement dans les premières années de l’enfant donc l’observation est à travailler pour vous aider au maximum. Je terminerai en disant qu’il ne faut pas trop se fier aux tableaux que l’on peut trouver sur Instagram ou Internet qui fractionnent âge par âge le temps de sommeil de l’enfant. Bien sûr, ce sont de bons repères, mais chaque enfant est différent et il faut se fier à son instinct ! Vous êtes la meilleure personne pour connaître votre bébé.  

 

 

Derniers tips pour des parents désespérés ? 

Mon conseil c’est de prendre soin de soi ! Le sommeil quand on est parent, c’est le nerf de la guerre! C’est la première chose que je dis aux parents que je reçois en consultation et je sais bien que c’est dur, mais même partir faire un tour vous fera un bien fou. C’est ce petit temps pour vous qui va vous requinquer ! Un enfant qui ne dort pas, c’est compliqué… On peut vite avoir tendance à avoir le moral en berne, le couple qui se tend, plus beaucoup de patience, se stresser pour le travail… C’est difficile de ne pas tomber dans un engrenage et donc c’est vraiment crucial de savoir se tourner vers des professionnels si ça s’installe ! Les proches ont toujours un avis personnel, leur propre expérience et ça ne marche pas forcément. Parfois, il suffit d’un peu de temps ou d’un accompagnement adapté.  

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