AVEUX DE PARENTS

Margaux, maman de 2 enfants, lève les tabous autour de la maternité.

Mère-poule, mère-louve, mère-débordée, mère-stressée, mère-au-foyer, working-mère... La maternité, ça change une femme.

Nous avons rencontré Margaux qui nous a raconté ses grossesses, la naissance de ses deux enfants et qui nous explique que tout n’est pas toujours rose. Elle pousse les mamans à exprimer leurs peurs et partager leurs coups de mous pour lever les tabous autour de la maternité. 

Margaux a 34 ans, elle est maman de Louison 3 ans et Oscar 1 an et demi et vit à Toulouse avec Romain. Margaux est photographe, graphiste et de temps en temps directrice artistique. En pleine reconversion !

Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote

Sur une échelle de 1 à 5, la grossesse c’est plutôt cool ou vous auriez aimé que ça dure 20 jours comme les souris ?

Mes deux grossesses ont été différentes mais elles ont toutes les deux été horribles ! J’ai détesté être enceinte du 1er jour au dernier jour de mes deux grossesses. Pour Louison, mon premier bébé, c’était plus simple parce que j’ai pu travailler jusqu’à mon 8ème mois de grossesse sans problème mais les 4 premiers mois j’avais de grosses nausées, j’avais envie de vomir non stop. Les 4 derniers mois j’ai eu le dos bloqué, une sciatique affreuse. J’ai consulté énormément de médecins mais personne ne voulait me manipuler. Et j’ai fini par trouver un super ostéo qui a bien voulu m’aider et m’a bien soulagée sur la fin de la grossesse. 

Pour Oscar ça s’est un peu corsé. J’ai eu exactement la même chose que pour Louison mais en plus d’être mal, j’ai eu de gros vomissements. J’ai eu des contractions à partir du 3ème mois donc j’ai été alitée du 6ème au 8ème mois et demi. J’ai pris 25kg ! J’ai eu des cruralgies, je ne savais même pas que ça existait. C’est un nerf compressé au niveau de la colonne, qui provoque des douleurs dans le devant de la cuisse allant jusqu’au pieds… Donc j’étais coincée derrière et je pouvais plus marcher parce que j’avais mal devant. C’était vraiment horrible. Sans compter que c’était un gros bébé et qu’il me faisait super mal en bougeant. Donc pour Oscar j’ai été obligée d’arrêter de travailler et ça ne m’a vraiment pas plu.

L’accouchement, c’est vraiment “le plus beau jour de votre vie” ? (Sans mentir !)

J’ai totalement adoré ça. Je fais partie des folles dingues qui adorent le moment du départ pour la maternité pour accoucher. Ça fait partie des plus beaux moments de ma vie. C’est un petit peu étrange je sais. Pour rigoler avec mes copines, je leur dis “si vous voulez vous faites les grossesses et moi je fais tous vos accouchements, il n’y a pas de problème !”. Donc c’est plutôt un bon début quand on voit comment se sont passées les grossesses !

Et la rencontre avec vos bébés ?

Pour les deux ça a été très très différent. Pour ma première ça a été l’idylle parfaite, l’osmose, le bonheur complet. J’avais l’impression d’avoir accompli tout ce que je rêvais de faire dans ma vie. Ça reste jusqu’à aujourd’hui le plus beau moment de ma vie. J’ai adoré la découvrir, on a été collées l’une à l’autre pendant 8 mois non stop, j’ai fait du télétravail avec elle sur mes genoux… C’était un bébé très facile, elle a fait ses nuits à 15 jours, elle a été hyper cool, elle a jamais grimpé sur quoi que ce soit. C’était vraiment le bébé parfait !

bébé allongé sur le lit
Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote

Et je suis tombée enceinte d’Oscar le jour des 1 an de Louison. Même si je voulais d’autres enfants, je m’y attendais pas de si tôt. J’ai très mal vécu ma grossesse psychologiquement parce que j’avais très peur de moins aimer Oscar que Louison et de moins aimer Louison avec l’arrivée d’un 2ème. Bref, j’étais pas prête. En plus la grossesse s’est mal passée, et surtout, j’ai passé 3 mois dans mon lit à penser à ça. C’est à ce moment là que j’ai commencé une dépression.

Quand Oscar est arrivé, j’avais déjà vécu la naissance d’un premier enfant et la découverte de l’amour maternel. Même si j’ai ressenti de l’amour quand il est arrivé, c’était pas aussi fort que pour Louison parce que je connaissais déjà ce sentiment. Et ça, ça m’a vraiment perturbée. J’ai commencé à me dire que j’étais une mère horrible, que j’aimais pas mon enfant.

Et puis il a été malade. Jusqu’à son 8e mois il a dormi par phases de demi-heures. Donc pour nous aussi ça a été la même chose. D’autant que j’ai fait une dépression post-partum ATROCE, et que je suis tombée en dépression totale. Donc vraiment deux expériences très différentes pour les deux.

C’est important de montrer que la maternité ce n’est pas “que du bonheur”. Comment s’est passée la remontée après ce post-partum compliqué ?

La remontée est en train de se faire maintenant. Il y a eu un reflux qui a été diagnostiqué très tard chez Oscar parce que c’était un reflux interne qui ne se voyait pas. Il a fait bronchiolites sur bronchiolites, il a été hospitalisé à plusieurs reprises. Il nous a fait une rougeole 15 jours avant son premier vaccin, donc gros gros flippe. Il a pas arrêté d’être malade à cause de ça. Il nous a fait deux gastro horribles où il a été hospitalisé. Bref, ça a été une arrivée dans la vie hyper compliquée.

J’ai commencé à péter un câble quand il a eu 12 mois. J’ai dégoupillé, ça n’allait vraiment pas. C’est à ce moment que j’ai décidé d’aller consulter un psychologue. Ça va vraiment bien aujourd’hui en tant que maman. La dépression post partum est derrière moi, maintenant je reconstruis le côté professionnel que j’ai été obligée de mettre en pause pendant tout ce temps.

Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote
Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote

La parole des femmes commence peu à peu à se libérer pourtant une image très lisse de la mère parfaite, notamment sur Instagram perdure. C’était important de prendre la parole ?

C’est pour ça que je voulais témoigner, j’ai vraiment l’impression qu’on entend jamais ce genre de discours. Moi je me suis retrouvée face à ça, à l’idée que je n’aimais pas mon enfant, que je ne m’en sortirais pas. Je me sentais seule et j’osais pas en parler. C’est important de dire que c’est normal tout ça, que ça peut arriver à n’importe qui. Un enfant n’est pas immédiatement aimé quand il arrive dans une famille, c’est une complicité qui s’apprend. Si on ne ressent pas la même chose pour chaque enfant ça ne veut pas dire que ce sera comme ça toute la vie. 

Aujourd’hui, j’aime tellement Oscar. Autant que j’ai pu aimé Louison au premier instant. Il n’y a pas de différence entre ma façon d’aimer mes deux enfants. Ça a juste pris du temps pour que je le comprenne. 

Je vois encore des gens sur les réseaux sociaux qui disent “vous inquiétez pas les filles, on aime autant le 2ème enfant que le premier”. En fait, je pense qu’il faut faire attention à ce qu’on dit ça ça peut culpabiliser les femmes qui ne vont pas le vivre dans ce sens là. Je crois qu’il faudrait ouvrir le dialogue à propos de ça. C’est un peu tabou de mal vivre l’arrivée d’un enfant encore aujourd’hui. Mais finalement quand je m’en mets à parler avec des gens, il y en a beaucoup qui me disent qu’en fait ils l’ont vécu de cette façon là aussi.

La maternité on peut dire que ça vous change une femme non ?

La première fois j’en avais juste plus rien à faire de tout ce qui m’entourait. J’étais dans ma bulle avec mon mari et ma fille, c’était totalement magique. J’avais l’impression de tout savoir, de tout connaître. J’avais un Bébé cool donc quand je voyais mes copines galérer avec leurs bébés du même âge que la mienne, je leur disais “mais tu peux pas faire de la méditation un peu, parce que si tu étais cool ça se passerait mieux”. Et je me suis rendue compte que j’étais une HORRIBLE copine en fait ! Quand Oscar est arrivé dans nos vies, j’ai décidé de ne plus jamais donner de conseils à qui que ce soit, voilà ! Je suis aussi devenue plus sage, plus patiente, et puis j’ai découvert ce que c’était que le véritable amour absolu et unquantifiable.

Votre meilleur super souvenir de maman ?

Les deux fois où mes enfants m’ont appelée maman pour la première fois. C’est hyper cucul mais je me suis sentie maman, c’était assez incroyable.

Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote
Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote

Le moment où vous avez eu envie de tout plaquer pour vivre sur une île déserte (seule, et LOIN)

C’était après la rougeole d’Oscar. Il faut savoir qu’on est pro-vaccins donc quand c’est arrivé on s’est dit “c’est pas possible, c’est le sort qui s’acharne sur nous”. Et Romain l’a attrapée aussi malgré ses vaccins ce qui fait qu’on était doublement énervés. Il a quand même été hospitalisé pendant 5 jours, avec de grosses complications.

Et c’est à ce moment que je me suis dit “ok je ne m’en sortirai pas, ça ne s’arrêtera jamais, je ne vois pas le bout du tunnel”, concrètement c’était ça. Ca faisait plusieurs fois que mon mari, qui est un mec assez extraordinaire, très à l’écoute, me demandait si j’avais pas besoin d’un peu d’aide. J’étais persuadée que non. Ma dépression je ne la voyais pas moi-même. Je me mettais à pleurer pour le moindre petit truc, une pub à la télé, ou parce que ma fille m’avait pas répondu sur le bon ton. Enfin bref, des réactions qui ne me ressemblent absolument pas. J’étais vraiment mal, je pleurais 90% du temps tout en étant dans mon lit, à me dire que je ne peux pas travailler, que je suis obligée de garder Oscar, qu’il est tout le temps malade. Bref, tout était noir !

Et là j’ai compris qu’il fallait que j’aille voir quelqu’un, que j’en parle. Donc au bout de 4 ou 5 séances, j’ai commencé à souffler. Et ça m’a fait un bien fou. Aujourd’hui je continue et ça me fait du bien d’avoir un moment à moi, à parler de ça sans honte, et à essayer de comprendre tout ce que j’ai vécu.

Le plus gros fail ?

Oscar devait avoir 6 mois. Il était encore malade, je devais accompagner Louison à la crêche et ils étaient tous les deux en train de hurler depuis 40 minutes, non-stop. Tout ce que je faisais ne servait à rien. J’étais tellement stressée, tellement mal qu’en fait j’ai fait ce qu’on appelle une vraie “crise de nerfs”. D’un seul coup je me suis effondrée, je suis tombée à genoux dans mon salon et j’ai hurlé “STOOOOOP”. Il était très long, très fort. Même mon voisin a arrêté sa musique pour voir s’il y avait un problème. Et après j’ai pleuré pendant 20 minutes dans mon salon. Avec les enfants qui me regardaient, l’un dans la poussette, l’autre debout et qui devaient se dire “mais qu’est ce que c’est que cette hystérique ?”. Ça c’était mon plus gros fail, c’était horrible. Bon après ça, ça allait beaucoup mieux, ça n’est plus jamais arrivé 😉

Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote
Margaux témoigne de ses grossesses pour Popote

Leur plus grosse bêtise ?

On est plutôt chanceux, ils ne font pas trop de bêtises, on les laisse plutôt libres de faire ce qu’ils veulent. Le truc qui m’a le plus saoulée jusque là c’est qu’ils ont dessiné sur le canapé. Donc c’est des trucs un peu mignons quoi ! Un jour Louison a attrapé mes appareils photo pro mais il leur est rien arrivé parce qu’elle est super douce, elle en a pris super soin. Elle les a posés tranquillement donc vraiment, on est chanceux !

J’ai le droit de donner un conseil à toutes les mamans du monde, moi qui me suis permise de ne plus jamais donner de conseils haha ?

Si vous aviez un conseil pour une future maman, une jeune maman ? Le genre de truc que vous auriez aimé qu’on vous dise.

ECOUTEZ-VOUS. Personne ne sait mieux que vous. C’est hyper important de se dire que tout est normal et de vous fier à votre ressenti.

📷@m.i.o.u.r.s