Bébé est si petit et voilà qu’on doit déjà le confier. Dans la liste des trucs stressants et bourrés d’émotions pour un jeune parent, on a nommé… le choix du mode de garde. Si tant est qu’on peut parler de choix, car dans certaines grandes villes, les places en crèche sont rares ou le timing pas le bon (spoiler : tous les bébés ne naissent pas en même temps et ça ne colle pas avec la rentrée de septembre). Bref, on vous fait le topo sur les différents modes de garde.
Cet article a été réalisé en collaboration avec Nannecy Hovinne, infirmière puéricultrice depuis 2005 et spécialisée dans l’accompagnement sur tous les sujets liés à la parentalité. Elle a travaillé en maternité et également comme directrice de crèche pendant 10 ans, alors faire garder Bébé, ça la connaît.
Quand chercher et quand choisir son mode de garde ?
Le plus tôt, c’est le mieux. Le second semestre de grossesse, c’est bien pour anticiper les réflexions et initier les premières démarches de recherches et d’inscriptions.
Alors concrètement, comment on choisit son mode de garde ?
On vous recommande de vous poser tranquilou et de poser TOUT ce qui est important pour vous et votre enfant. Les contraintes impossibles à changer (liées à vos horaires par exemple), les MUST HAVE, les trucs sur lesquels vous ne voulez absolument pas transiger. Un peu comme un projet de naissance, n’hésitez pas à écrire votre projet de garde idéale. Ça devrait éliminer certaines options, et ça vous donnera surtout une super trame pour les rendez-vous que vous aurez ensuite.
Dans les points qui peuvent être abordés / questionnés :
- L’alimentation : poursuite de l’allaitement ou non, BIO ou non, DME ou diversification classique, gestion des régimes alimentaires particuliers
- Le sommeil : respect du rythme de l’enfant, environnement de sommeil, accompagnement au sommeil
- Le change : couches fournies ou non, couches lavables acceptées le cas échéant, change à l’eau, au liniment ou autre
- La pédagogie : programme, inspirations, journée type
- Temps d’accueil : quelle plage horaire, prise en charge des enfants malade, articulation des vacances / jours de fermeture
- Encadrement : formation de la personne en charge de votre enfant,
- Autres : espace de jeu, accès ou non à un extérieur, animaux et/ou fumeurs à la maison ou non
Ensuite il va falloir choisir.
OK mais COMMENT ?
On vous fait le topo juste en dessous de tous les modes de gardes qui existent (en long, en large et en travers), à vous de voir celui qui colle le plus avec vos envies et votre rythme ici
Petit conseil : Une fois que vous aurez (à peu près) compris les différents modes de garde existants, on vous recommande de jeter un œil à ce qui est – ou non – dispo près de chez vous. Ça évitera de vous emballer sur la crèche familiale si la plus proche est à 1h30 de route.
Modes de garde, de quoi on parle ?
On distingue les modes de gardes dit « collectifs », que vous connaissez mieux sous le nom de « crèches » et les modes de gardes dit « individuels ».
Parmi les modes de gardes collectifs, on retrouve :
- Les crèches publiques ou crèches municipales
- Les crèches privées: soit une crèche d’entreprise, soit une crèche en DSP (délégation de service public), soit une crèche en réservation de berceaux mixtes (mairie et entreprise). Un particulier ne peut généralement pas réserver une place directement dans une crèche privée.
- Les crèches parentales: ce sont des crèches collectives mais avec une implication plus forte demandée aux parents
- Les micro-crèches, qui accueillent très peu d’enfants
Côté modes de garde individuels, on a :
- Les assistantes maternelles: pros de la petite enfance qui gardent Bébé directement à son domicile ou dans une maison d’assistante maternelle
- Les assistantes parentales: garde à domicile ou garde partagée, sans forcément de formations en lien avec la petite enfance
- La famille (et oui!)
Et un mode de garde un peu hybride : les crèches familiales, où Bébé est gardé au domicile d’une assistante maternelle, avec d’autres enfants et accueilli dans une crèche 1 ou 2 jours par semaine.
Les crèches collectives, cap d’avoir une place ?
Soit gérée par la commune ou le département, si elle est publique, soit par une entreprise ou une asso, si elle est privée. Dans tous les cas, elle est soumise au contrôle de la PMI (Protection Maternelle et infantile).
De tailles très variables, entre 20 et 60 berceaux, souvent réparties selon l’âge des bébés, la prise en charge de Bébé se fait par une équipe de pros de la petite enfance dirigée par un Auxiliaire de Puériculture, Educateur de Jeunes Enfants ou Infirmier.
Obtenir une place en crèche, c’est parfois (souvent !) un parcours du combattant. La base de la base, c’est déjà d’habiter dans la même commune que la crèche. Les critères de recrutement ne sont pas les mêmes partout : les deux parents travailles / recherche de mixité / parents qui touchent les minima sociaux… ça dépend. Plus on s’inscrit tôt mieux c’est, et on prépare un dossier aux petits oignons, lettre de motivation et tutti quanti. Et on pense à une alternative au cas où, pour ne pas se retrouver en maxi stress si ça le fait pas.
Les plus :
- Démarches facilitées une fois la place obtenue
- Couches et repas fournis
- Locaux adaptés
- Équipe pluridisciplinaire & projet pédagogique rédigé en équipe
- Diversité des activités d’éveil
- Protocole médical validé par un médecin
- Accueil des enfants assuré
- Respect des rythmes physiologiques tout en familiarisant Bébé à la vie en collectivité
- Autonomisation de Bébé en contact d’enfants plus grands
Les limites
- Difficultés d’obtenir une place
- Les enfants plus sujets à toutes les maladies infantiles
- Horaires fixes, non flexibles
- Risques de turn-over dans les équipes
- Risques de perturbations dans les repères de l’enfant
- Les très jeunes enfants ne sont pas forcément faits pour vivre en collectivité, impact sur la relation à l’autre
- Beaucoup de fatigue pour les enfants (stimulations sonores, visuelles…)
Ça coûte combien une place en crèche ?
Les prix sont généralement fixés par la CAF mais les municipalités peuvent déplafonner les tarifs (et oui, d’où les écarts avec ta BFF de la ville d’à côté). Et en fonction de nombre d’enfants et des revenus de l’année N-2, ça change aussi. On évite donc internet, on se renseigne directement de la municipalité où l’on habite. Pour avoir une fourchette haute, c’est max 4,5€/heure par enfant.
Et on peut bénéficier d’aides ?
La CAF ne donne pas d’aide supplémentaire directement aux familles, car elle subventionne directement les crèches. Seule une déduction d’impôt peut être appliquée (= à 50% des sommes versées dans la limite de 2300€/ an soit 1150€ de crédit d’impôts maximum).
Le coût n’est donc pas toujours plus intéressant qu’un mode de garde individuel.
Les crèches parentales ou comment faire l’équilibriste dans ton orga’
C’est le principe d’une crèche collective mais avec plus d’implication des parents.
Il est souvent demandé de se rendre disponible une ou plusieurs demi-journées par semaine pour gérer l’administratif ou même s’occuper d’un groupe d’enfants. Généralement on s’inscrit directement auprès de la crèche.
Les plus :
les mêmes que ceux d’une crèche collective, l’ambiance familiale en plus et davantage de facilité pour obtenir une place
Les limites :
demande une implication parentale +++, gestion associative (plusieurs semaines de fermeture sont souvent à prévoir, selon les structures) et tout ce qu’on a également dans les crèches collectives
Ça coûte combien ?
Le prix change en fonction de la localisation, des subventions accordées par les villes, de l’implication parentale… Pour avoir un ordre d’idée, c’est entre 5€ et 20€ par jour par enfant en moyenne.
Les micro-crèches, le saint-Graal ?
C’est les mêmes règles qu’une crèche collective classique, mais avec un nombre limité d’enfants. C’est maximum 10/12 enfants, tous accueillis au sein d’un espace unique « en petite famille ».
Les plus :
- Petit groupe avec âges mélangés
- Accueil individualisé
- Lien d’attachement plus facile avec l’équipe
Les limites :
- Avance de frais important pour les parents (le CMG est remboursé mais avec un décalage dans le temps)
- Petite équipe donc nécessite de s’adapter quand arrêt maladie ou vacances dans l’équipe
Ça coûte combien ?
En micro-crèche, le gestionnaire applique un tarif qui n’est pas encadré par la CAF. Dans ce cas, les familles s’adressent directement à celui-ci pour connaître le prix de leur place en crèche.
Et on peut bénéficier d’aides ?
Les familles qui peuvent bénéficier d’une allocation appelée le CMG (complément du libre choix de mode de garde). Elle permet de compenser le coût de la micro-crèche en versant jusqu’à 85% des frais supportés par les familles. Le montant de l’aide dépend des ressources de la famille, du nombre d’enfants à charge et du coût de la place elle-même.
Les assistant(e)s maternel(le)s, top pour les tout petits
Ce sont des professionnels de la petite enfance, obligatoirement agréée par la PMI (Protection Maternelle et Infantile) à travers une formation. L’agrément est renouvelé au bout de 5 ans la première fois puis tous les 10 ans.
Ils accueillent jusqu’4 enfants de moins de 6 ans, à son domicile ou dans une maison d’assistantes maternelles
Les plus :
- Formation & Agrément
- Suivi par des visites à domicile via la PMI
- Enfants d’âges différents
- Accueil individualisé et très personnalisé
- Lien d’attachement facilité et relation privilégiée
- Echanges et temps de transmission plus fluides entre parent & assistante maternelle
- Horaires plus flexibles, plus de souplesse quand les enfants sont malades
- Très adapté pour les tout-petits
- Exonération de charges sociales (les charges sont gérées par la CAF)
Les limites :
- Les places sont rares en région parisienne, difficultés pour trouver «la perle rare »
- Démarches administratives plus importantes
- Pas d’accueil des enfants en cas d’arrêt maladie ou congés
- Pour les plus grands, risque d’ennui
- Coûts variables en fonction de la nourriture et des frais d’entretien
Ça coûte combien ?
Il faut compter environ 3,5€/heure (et minimum 3€18) et des frais d’entretien de 3€55 /jour (pour une journée de 9h d’accueil), proratisable en fonction du temps d’accueil (ne peut descendre en dessous de 2€65)
Et on peut bénéficier d’aides ?
Vous pouvez bénéficier du complément du libre choix de mode de garde, selon nombre d’enfants à charge, des ressources du foyer et du coût de la garde. En plus, une déduction d’impôt peut être appliquée (et c’est maximum 2300€/an).
Les assistantes parentales ou le choix de la flexibilité
Plus communément appelé “nounou à domicile”, c’est donc un mode de garde au domicile de la famille pour un ou plusieurs enfants de la même famille. Il peut être aussi un mode de garde partagé entre 2 familles, au domicile d’une ou des 2 familles en alternance. L’assistante parentale est salariée de la famille ou d’un organisme spécialisé. Dans le cas de garde partagée, les deux familles sont co-employeurs de l’assistante parentale. Elle n’a pas forcément de formations liées à la petite enfance.
Les plus :
- S’adapte au rythme et à l’organisation de la famille
- Adaptée si vous rentrez tard du travail le soir par exemple
- Peut faire des tâches autres que la garde d’enfants (repas, ménage, rangement, lessive…)
- Bébé gardé dans son environnement habituel
- Pas de stress des déplacements le matin ou le soir
Les limites :
- L’assistante parentale n’a pas à justifier d’expériences particulières, de formations ou de diplômes
- Contact plus limité avec les autres enfants
- Nécessite un gros budget car il faut avancer les frais, et le salaire augmente en fonction de son expérience et qualifications
- Vous êtes employeur et responsable de l’administratif qui va avec (plan B quand elle prend ses congés ou qu’elle tombe malade). Possibilité néanmoins de passer par une agence.
- Et on n’oublie pas l’extension d’assurance «garde enfants ».
Ça coûte combien ?
Au 1er septembre 2022, le salaire horaire minimum brut conventionnel pour une garde d’enfants en France métropolitaine est de 11,25 euros. Il peut évidemment être plus élevé si les parents le souhaitent, mais il ne peut en aucun cas être inférieur à ce montant. Le salaire doit être mensualisé et calculé sur 40 heures de travail effectué par semaine, au-delà il est alors majoré. Une partie des cotisations sociales est également à la charge des parents.
Et on peut bénéficier d’aides ?
Comme pour les micro-crèches ou les assistantes maternelles, vous pouvez bénéficier du Complément de libre choix du mode de garde (CMG). La CAF prend également en charge 50 % des cotisations sociales pour l’emploi d’une garde à domicile. Et vous bénéficiez également du crédit d’impôt.
Les crèches familiales, modèle hybride
Bébé est gardé au domicile d’une assistante maternelle avec d’autres enfants, et ils sont accueillis dans une crèche une ou deux fois par semaine avec leur nounou. La gestion est la même que pour une crèche, en termes d’inscription et de tarification.
Cela leur permet, en plus d’avoir un accueil personnalisé le reste de la semaine, de retrouver d’autres enfants, ce qui favorise la socialisation et l’éveil et leur permet de découvrir la vie en collectivité.
Si si, la famille
C’est tout simplement quand Bébé est gardé par l’un des parents ou par un autre membre de la famille comme les grands-parents.
Les plus :
un lien d’attachement, de fait, plus facile pour bébé, un lien de confiance avec les parents, une solution hyper flexible et adaptable, et évidemment le coût !
Les limites :
si c’est votre maman ou votre beau-papa qui garde Bébé, c’est parfois difficile de donner ses directives concernant l’enfant.
Quelques sites officiels pour vous aider
Pour avoir accès à toutes les informations sur le choix du mode de garde : https://www.monenfant.fr/
Pour connaître les aides auxquelles vous avez accès, et tout comprendre la Paje (Prestation d’accueil du Jeune enfant), c’est par ici
Pour connaître l’ensemble des modalités légales et les obligations en matière d’emploi d’une assistante maternelle ou parentale, consulter le site de l’urssaf: www.pajemploi.urssaf.fr
Et puis maintenant que vous êtes incollable sur le mode de garde, préparez-vous à la séparation avec Bébé.