Le 26 avril, c’était la journée de visibilité lesbienne. Une journée qui nous touche particulièrement, chez Popote. Nous militons pour une égalité des droits pour toutes les femmes, qu’elles soient seules ou de même sexe. On a eu la chance de pouvoir interviewer la meilleure autrice : Pauline Delabroy-Allard, qui, avec son roman « Ça raconte Sarah », s’est forgée une réputation de génie de la littérature. Récemment, avec sa compagne, elles ont accueilli une petite fille, Irène. Si elles ont fait la couv du magazine MilK, elles n’ont pas peur de faire bouger les lignes. Un état d’esprit qu’on adore, qu’on admire, qu’on voudrait mettre en lumière fois mille. Et si vous entendiez la voix de Pauline, d’une douceur incroyable. On a beaucoup d’admiration pour ces femmes-là. Alors on lui a donné la parole.
Pouvez-vous vous présenter ? D’où venez-vous, âge, quel est votre parcours, votre métier…
« J’ai 33 ans, je suis professeure-documentaliste et autrice. J’habite à Paris. Ma compagne a porté Irène. »
Quels comptes Instagram sur la maternité suivez-vous ?
« J’aime les comptes de mamans influenceuses comme EtDieuCréa,, Lilly in the moon, Marie bulle, émilie choufeur …
Combien d’enfant avez-vous et comment s’appellent-t-ils ?
« J’ai deux filles, Bertille, 10 ans et Irène 9 mois. »
C’est quoi une journée type pour vous ?
« On se lève à 7 heures et en gros c’est un joyeux bordel jusqu’à 8h20, heure à laquelle on décolle pour l’école et la crèche. Entre les deux, il y a un petit déjeuner toutes ensemble, grâce notamment à une chaise haute Stokke super pratique pour Irène lorsqu’on est à table. Bertille elle, fait des percussions et nos voisins nous adorent ! Vers 16h30-17h, c’est le moment où on se retrouve pour le goûter. Pareil, c’est animé. A ce moment-là, on sent les 10 ans d’écart entre mes filles car il y a, d’une part, les devoirs à gérer et, d’autre part, la purée pour le dîner du bébé.
Bertille, ma grande, est adorable, elle change spontanément les couches de sa petite sœur, elle lui donne sa purée… Bref, c’est le couloir que j’appelle les 3D : devoirs, douche et dîner. J’ai longtemps fait ça toute seule, car j’ai élevé ma première fille solo et ensuite, ma compagne étant musicienne, elle travaille souvent le soir. Mais c’est un moment sympa, et avec un bébé encore plus ! Après, quand elles sont couchées, c’est notre moment à nous. Quand Sarah est là, on se fait des petits plats souvent grâce à Yotam Ottolenghi, on boit un verre. C’est notre rituel du soir entre amoureuses. »
Le livre qui vous accompagne en ce moment ?
« Les enfants véritables » de mon ami Thibault Bérard, c’est très beau, très solaire.
Une astuce feel good à partager ? Que faites-vous pour vous détendre ?
« C’est super con mais je me suis mis au yoga. J’ai une appli gratos, je fais 30 minutes par jour et ça me fait vraiment du bien. Sinon je tiens un journal tous les jours. En ce moment je récolte tous les bons moments, je les couche sur le papier avant de me coucher. Très feel good. »
Enfant, vous étiez quel genre ?
« Très observatrice ! Pas super fun, plutôt mélancolique, pas du tout turbulente, ou du genre à faire des bêtises. Plutôt dark, en fait, haha ! »
Vous rêviez de devenir… ?
« Et bien… luthier ! Original non ? Le travail du bois me fascinait… Après je voulais avoir mon émission de radio ! »
Photo : @cettepetitevie
LA MATERNITE / LA PMA
On va surtout parler d’Irène qui est la plus petite. Comment s’est passé votre parcours de PMA ?
« Sarah, ma compagne, voulait un bébé. Elle avait 40 ans. Moi, je n’étais pas super sûre au départ. Mais l’amour a ses raisons… Elle m’a convaincue. On a eu la chance de pouvoir le faire rapidement, dans des conditions super. Tout s’est passé de manière tout à fait sereine. Le donneur est anonyme. Nous avons eu la chance que ça marche au premier coup ! Ce n’est pas le cas pour toutes, et nous le savons bien. »
La grossesse, une période « épanouissante » ou « épanouichiante » ? Désolée, on n’a rien trouvé qui rimait !
« Sarah a adoré être enceinte ! Elle a eu une grossesse super facile, sans contraintes, elle était épanouie, si belle. C’était une super période.»
Un bon souvenir de grossesse ?
« On a fait de l’haptonomie donc j’ai réussi à nouer une relation in utero avec mon bébé. C’était très intense comme expérience. J’ai adoré. »
Photo : @cettepetitevie
L’accouchement, est-ce vraiment « le plus beau jour de votre vie » ?
« Dans le cas de l’accouchement de Sarah, elle voulait quelque chose de très physio, sans péridurale. Mais malheureusement, ça n’a pas pu se passer comme ça. Elle a eu une césarienne d’urgence. J’ai pu la suivre au bloc, j’ai été la première à voir le sexe de notre enfant ! C’était dément. De mon côté j’ai pu suivre Irène et voir les premiers soins. »
Qu’aviez-vous imaginé pour l’allaitement ? Parlez-nous du processus de lactation induite…
« Sarah avait envie de l’allaiter et moi aussi. On s’est donc dit qu’on allait faire un co-allaitement. En amont, j’ai commencé à me préparer à allaiter alors que je ne portais pas d’enfant. On appelle ça la lactation induite. Vers les 7 mois de grossesse de Sara, j’ai pris la pilule pendant 1 mois, et j’ai « simulé » une grossesse. J’ai fait croire à mon cerveau que j’étais enceinte alors que je ne l’étais pas. Puis j’ai pris un médicament, un anti-nauséeux qui, pris à haute dose de manière régulière, augmente la prolactine. En gros, on joue sur les effets secondaires. J’ai la chance d’avoir ma meilleure amie qui est médecin donc j’ai été très accompagnée.
Ensuite, c’est un gros taff. Il faut user d’un tire-lait toutes les 3 heures, même la nuit pendant 2 mois. La nuit, je ne l’ai pas fait, mais grâce au premier confinement, j’ai pu le faire à fond la journée. Evidemment, en travaillant à temps plein, je n’aurais jamais pu aller au bout ! Au final, ça a marché à fond. Tant et si bien que j’ai congelé plein de lait avant la naissance d’Irène.
Dans la réalité, on n’a pas réussi à faire un co-allaitement. Quand Sarah l’a mise au sein à la naissance, le colostrum ne venait pas. On lui a dit de persévérer mais Irène avait faim, ça ne venait pas… Elle a fait son deuil. Peut-être que c’était dû à la chimio qu’elle avait faite. Bref, je me suis retrouvée à prendre en charge l’allaitement à 100% finalement. Mais j’ai apprécié. Je n’avais pas réussi pour ma première fille donc j’étais super contente. »
La maternité entre l’image que vous en aviez et la réalité, c’est comment ?
« La première fois que je suis devenue maman, j’avais 22 ans. J’étais si naïve, j’avais cette image d’Epinal, l’idée d’une famille « parfaite ». En fait, c’est plus dur et plus fort que j’imaginais. Pour ma deuxième fille c’est autre chose forcément. J’ai plus de maturité, je me vautre volontiers dans la maternité parce que je sais que ça passe vite et qu’il faut profiter de chaque moment. Je suis plus patiente aussi. C’est différent ! »
La question du post-partum, on en parle ?
« Oui, on peut. Il ne faut pas que ce soit tabou. Je suis contente que vous en parliez, c’est rare ! Moi j’ai fait une dépression vers les 4 mois d’Irène. Sarah, elle, pas du tout. Après, on s’en remet, j’aime ma fille plus que tout, j’aime ma femme. C’est peut-être lié aux hormones, à l’allaitement, au bouleversement d’être maman une 2ème fois. Mais il n’y a pas de honte à ça, je suis traitée, entourée, aimée. Je vais bien ! »
Votre meilleur souvenir de maman à ce jour ?
« Je crois que c’est la fois où Bertille a rencontré sa petite soeur à la maternité, c’était magique, un moment hors du temps »
Et à l’inverse, le plus gros fail ?
« On a failli noyer Irène ! Je me justifie avant qu’on m’envoie les services sociaux : après la naissance, on s’est chauffé avec Sarah pour lui donner un bain. Elle kiffait à mort, elle était sur le dos, super relax. Et là, on se dit, mais mettons-la donc sur le ventre, elle va adorer ! Sauf qu’évidemment elle a lâché sa tête, direct dans l’eau. Plouf. On a paniqué. Moralité : plus jamais ! »
Un objet/jouet/accessoire qui sauve la vie avec un enfant ?
En ce moment, avec Irène, un doudou de Main Sauvage.
LA DIVERSIFICATION
A quel moment avez-vous commencé la diversification ?
« Vers 6 mois. Elle a commencé avec des purées et j’ai continué les tétées matin et soir. On a fait cette super technique de congeler les purées dans des bacs à glaçon, on fait des combos avec ça, et elle adore ! On peut également le faire avec des Popote quand il en reste, c’est très pratique. »
Sa Popote préférée jusqu’à présent ?
Mirabelles ! Avec son petit bec sucré, elle aime les saveurs fines et subtiles et la Popote Mirabelles est un hit.