Clémentine Sarlat, journaliste et animatrice pleine de passion, se distingue par son authenticité et son dynamisme. Dans son podcast “La Matrescence”, elle explore la transition de la femme vers la maternité avec bienveillance. La Matrescence, un sujet qui résonne plutôt bien avec notre thématique “le Nouveau Soi” qui traite des différences facettes de la maternité. Clémentine a généreusement accepté de se livrer et de partager son expérience personnelle avec nous.
– Peux-tu te présenter? Quel est ton parcours? D’où tu viens?
Je suis journaliste de formation, j’ai travaillé pendant 10 ans à la télévision, dans le sport. Je continue de manière ponctuelle en freelance mais j’ai changé de rythme de vie lorsque j’ai eu ma première fille en 2017. Accueillir mon premier enfant a bouleversé ma vie. Je ne me voyais plus continuer à ce rythme et ça a été un déclic. J’ai démissionné et parallèlement j’ai lancé « La Matrescence » un podcast sur la parentalité. Je ne pensais pas que ça deviendrait mon métier. Je l’ai créé parce que j’avais énormément de questions, une curiosité dévorante sur ce sujet… Aujourd’hui j’ai 2 autres enfants et c’est la première année où je me dédie à 100% à ce projet. C’est un vrai challenge d’être cheffe d’entreprise.
– Comment se sont passés tes accouchements?
Ils ont tous été différents. Pour ma première fille en 2017, c’était long. J’ai souffert, je n’étais pas actrice de cet accouchement. J’étais dans la peur. C’était un tel chamboulement que c’est pour ça que j’ai trouvé le mot « matrescence ». Contraction de « maternité » et « adolescence » il souligne la naissance d’une mère. Pour mes 2 autres filles j’ai accouché à la maison. La 2e, c’était si facile, j’étais dans l’eau, il s’est passé 1h30, je rigolais. Une vraie douceur. Et pour la 3e, la seule difficulté était la fatigue accumulée, puis un double cordon autour du cou et finalement ça n’a pas duré longtemps non plus. A peine 2 heures. J’aimerais tellement que tout le monde vive ça. Pour me préparer j’ai beaucoup lu, j’ai assisté à une conférence avec Michel Odent (dont le podcast est très écouté) ça m’a énormément marqué et j’ai rencontré ma sage-femme pendant cet événement. Ce qui est intéressant c’est qu’il y a un vrai travail de fond à faire sur ces sujets en France, nous sommes l’un des pays qui utilise le plus la péridurale au monde… Notre génération est en train de changer les choses!
– Comment était ton post-partum?
Le premier était dur. Je n’étais pas préparée, pas renseignée… Tout était nouveau et donc douloureux. Depuis, la parole se libère, j’espère que ça change. C’est ce que j’essaye de faire avec mon podcast. Quand j’ai trouvé ce nom de « matrescence » j’étais démunie face à tous ces bouleversements physiques, psychologiques… Pour mes autres grossesses, j’avais fait un chemin, j’étais préparée donc c’était plus doux. Pour ma 2e fille par exemple, une de mes meilleures amies m’a préparé des plats pendant des mois. J’ai aussi pris mon placenta en smoothie pendant 30 jours pour reprendre des forces et j’ai vécu quelque chose de fou : j’étais heureuse, je me sentais puissante. J’avais accouché dans la joie de manière presque orgasmique. C’était dingue. Puis pour la dernière, j’étais très fatiguée, je souffrais parce que ma 2e fille ne dormait toujours pas, j’ai accouché 2 jours avant le conflit de la guerre en Ukraine. C’était pesant à plein d’endroits. Pas comme les 2 premières où c’était l’automne, c’était paisible, c’était tranquille. La c’était pas prévu, et puis février, c’est une ambiance assez glaciale. Pourtant j’avais des enfants faciles!
– La maternité entre l’idée que tu en avais et la réalité c’est comment?
J’ai pris une immense claque. J’ai absolument pas compris ce qui m’arrivait… D’où la naissance de mon podcast! C’était vraiment dur. Mais la 2e et la 3e fois, c’était raccord avec ce que j’imaginais. Ma sage-femme m’avait dit que j’étais partie pour un an très très dur et elle avait raison. Avoir des enfants aussi rapprochés je ne le recommande à personne, aujourd’hui je sors la tête de l’eau mais avant ça c’était un enfer.
– Ça a changé quoi pour toi de devenir maman?
Pour moi ça a tout changé pour la simple et bonne raison que j’ai quitté mon travail après ma première grossesse, j’ai déménagé, j’ai lancé la Matrescence. Bref, tout a été modifié. Pour le mieux, mais tout s’est transformé. J’ai su mettre des limites aussi. Avant, mon métier me prenait toute ma vie. Le week-end, je voyageais et avec un enfant ce n’est pas possible. Donc ça m’a ramené à l’essentiel.
– Comment as-tu géré cette nouvelle responsabilité?
Maintenant j’ai du temps pour moi mais ces dernières années j’étais soit en train d’allaiter, soit en post-partum… Et ça, en boucle. J’ai appris à prendre soin de moi, à savoir ce que j’aime et ce qui me fait du bien. Avoir du temps pour mes amies c’est très difficile par exemple. Y’a des phases dans la vie, on ne peut pas tout faire, pour l’instant je ne peux pas le faire autant que je le voudrais. Mais je me dis que ma quarantaine sera « ma » dizaine! Ma dernière aura 6 ans et je vois la différence. C’est là que je pourrais m’éclater!
– Dans ton couple, il y a eu des impacts?
Oui, ça a eu beaucoup d’impacts dès notre première fille, pour une raison très simple qui est sociétale. On parle de « baby clash », c’est ce moment de crise dans un couple à la naissance d’un enfant. J’en ai parlé dans un podcast avec Anna Roy notamment. Nous, femmes, sommes conditionnées pour cette étape importante. Nous savons que cela va être des responsabilités, on a été élevées pour ça. Mais, on est aussi la première génération de femmes à dire qu’on veut l’égalité et que c’est pas normal ce qui se passe lors de la naissance d’un enfant. D’un point de vue personnel, mon couple était très égalitaire, mon mec était impliqué dans les tâches ménagères etc. Mais avec l’arrivée de notre première fille, il y a eu une énorme charge sur moi. Je pensais qu’on ferait 50/50 mais non. Et dans la vie il y a des mecs qui prennent conscience de ça et d’autres non. C’est hyper douloureux. La loi sur le congé paternité par exemple, date de 2021. Pour notre 2e fille, c’était en plein Covid donc tout était plus simple, il était plus présent et d’ailleurs tous les deux sont très complices de manière générale c’est très mignon. Pour la 3e, c’était une énorme charge pour nous deux. C’était très intense et difficile, et pour plein de raisons qui lui appartiennent, mon mari a décidé de partir du foyer. On a passé 9 mois séparés. C’était un trop plein. Il a fallu pas mal de travail au quotidien mais on s’est remis ensemble. Moi aussi j’ai travaillé sur moi. Chacun doit le faire de son côté pour que ça marche je crois. Notre famille est réunie aujourd’hui mais vivre seule avec 3 enfants 80% du temps a été… Épuisant!
– Et aujourd’hui, comment ça va?
Ça va super bien! C’est évidemment dur mais la configuration familiale fait qu’on dort mieux déjà. Je ne recommande pas d’avoir des enfants rapprochés ou alors faut être prêt et armé mais pas solo. On a la chance d’avoir des amis, de la famille mais on a choisi d’être omniprésent avec nos enfants. Et j’ai envie de dire aussi que plein de gens disent « Ah bah tu l’as choisi donc tu assumes » mais que non en fait, on a le droit de dire que c’est dur! Tout est plus facile quand on est en communauté et aujourd’hui on vit dans une société très ancrée sur l’isolation…