Avez-vous entendu parler de la lactation induite ? Si vous suivez nos aveux de Parents, Alison de TajineBanane nous avait confié avoir eu recours à cette technique pour allaiter son 3e enfant. On vous prépare d’ailleurs un portrait avec une Wonder Mama qui a allaité sa fille que sa compagne a porté grâce à un parcours de PMA toujours illégal en France mais nous y reviendrons (ce #teasing de ouf).
La lactation induite c’est le process qui permet d’allaiter un enfant après une coupure dans l’allaitement ou si on n’a pas porté soi-même l’enfant. Ça arrive donc souvent dans les couples de même sexe, les adoptions ou si l’on subit une intervention après l’accouchement et que l’on est séparé de son bébé. C’est tellement fou qu’on se dit que c’est pas possible mais pourtant si. Parce que nous avons des corps incroyables qui font des choses qu’on pourrait penser impossible (l’accouchement déjà WTF ?! Même moi j’ai eu un enfant et je trouve ça dément). Bref, dans la série « mon corps est magique » voici un focus sur cette technique méconnue.

Un peu d’histoire sur la lactation induite…
Enfin plutôt un peu de définition ! La « lactation induite » est le fait de provoquer une lactation sans qu’il y ait eu de grossesse préalable. Et « relactation » c’est le fait de reprendre un allaitement après un arrêt plus ou moins long. Si vous avez eu un enfant cela vous semble compréhensible car nous avons toutes et tous eu des cours de préparation à l’accouchement et donc à l’allaitement (enfin normalement). En bon élève vous vous souvenez que ce phénomène dingue est le résultat de la fameuse « montée de lait ».
On ne va pas refaire un cours, ni un schéma ou une belle maquette façon Jamy Gourmaud dans C’est Pas Sorcier, mais ce dont vous devez vous rappeler c’est qu’en gros après l’accouchement, tout ce qui était envoyé au placenta s’arrête et provoque une vascularisation des seins. D’où la TENSION dans vos seins et même parfois une mauvaise circulation sanguine. (Big up à la journaliste derrière ce texte qui ne rentrait plus dans ses bottes en sortant de la maternité. Ni dans aucune paire de chaussures à part peut-être, des tongs. #solitude)
Pour ne rien vous cacher je n’ai pas allaité d’où cette piqure de rappel pour les mamas qui comme moi ne connaissent pas les secrets de la lactation ! Ou toute autre nullipare ou femme enceinte qui lirait ces quelques lignes.
… Et de géographie !
La lactation induite est mal connue sur notre territoire, mais il n’y a pas si longtemps, l’allaitement n’était même pas si développé. En rédigeant cet article, on s’est rendu compte qu’il y avait peu d’informations et de chiffres sur l’allaitement en France. Il est d’usage d’entendre que nous sommes dans les plus mauvais élèves d’Europe. La faute à quoi ? Une mauvaise information. Souvent les femmes abandonnent faute de soutien. Aujourd’hui, grâce à la Leche League, aux sages-femmes, à la parole qui se libère sur les réseaux sociaux aussi, on allaite plus et plus longtemps.
Dans le monde, la lactation induite est un peu plus répandue. Dans les pays anglo-saxons déjà, les mères adoptives sont encouragées ou du moins informées sur cette pratique. Cela peut également être envisagé lorsque l’on fait appel à une mère porteuse. Les pays anglo-saxons étant de base beaucoup plus tournés vers l’allaitement (on pense bien-sûr aux gangs de wonder mamas australiennes). Mais l’allaitement induit est évidemment une pratique utilisée dans les pays en développement voire dans les pays pauvres, en guerre. Les bienfaits du lait maternel sont répandus partout car le lait reconstitué est une denrée rare (et chère).
Pendant nos recherches, on a aussi beaucoup discuté avec nos amies et notamment une amie naturo (bientôt en interview sur Popote ! 2e teasing dans cet article !) qui nous a avoué avoir eu eu mal à arrêter d’allaiter. Pour se déculpabiliser, elle a donné du lait de jument à ses filles, car oui, c’est le lait qui se rapproche le plus du lait maternel (sans jamais l’égaler, bien sûr !). Incroyable mais vrai.
Comment ça marche ?
Dans la plupart des cas, le médecin qui accompagne le processus ou la sage-femme/doula va envisager un traitement hormonal pour faire croire au corps qu’il y a une grossesse. Généralement, il ou elle propose de combiner les différentes hormones nécessaires pour la production de lait : oestrogènes, progestérone, prolactine, hCG… Ce petit cocktail va envoyer un message au cerveau pour lui faire croire qu’il y a un bébé en préparation.
Ce traitement hormonal démarre 22 à 24 semaines avant la naissance du bébé. Il est combiné à de la dompéridone qui va augmenter les niveaux de prolactine. Après arrêt de la pilule, un suivi de séances d’expression pour stimuler la production lactée est conseillé. Manuellement ou avec l’aide d’un tire-lait on stimule la production de lait comme si un bébé tétait. Le problème étant que cela demande pas mal d’énergie et de flexibilité notamment sur le lieu de travail…
Si on souhaite faire une lactation induite et que l’on n’a pas 24 semaines avant la naissance, on peut, mais c’est probablement plus difficile. Faites-vous accompagner et discutez-en avec la sage-femme ou la doula de votre choix qui saura répondre à toutes vos questions.
Bref, c’est un sujet passionnant, on a hâte de vous dévoiler le portrait de Pauline qui a elle-même eu recours à cette technique !