Plus que jamais, la crise du Covid19 aura montré que les femmes sont isolées. Alors que depuis des années, elles ont encaissé, en silence, la violence, la douleur face à la maladie, face à l’infertilité, face aux idées préconçues sur la maternité, le post-partum (le quoi ?), la charge mentale, l’allaitement… La liste est longue. Mais grâce aux réseaux sociaux, aux podcasts, aux films (Coucou le documentaire « A la vie » d’Aude Pépin dont on vous reparle très vite) aujourd’hui les choses avancent.
Chez Popote, on a décidé de donner la parole à celles et ceux qui font bouger les lignes. Aujourd’hui on a rencontré Salomé et Camille, fondatrice de Gynécée, un endroit hors du commun, dédié aux femmes, dans une démarche holistique. Ici, on prend le temps d’écouter, de conseiller, que l’on soit jeune femme ou plus âgée. Infertilité, cycle menstruel, ménopause, endométriose… Autant de thèmes abordés. Lorsqu’on passe la porte, on vient pour « soi », pour se faire du bien. Un espace de « soin » qui passe par des ateliers, des conférences, des séances de sport, des consultations individuelles avec des spécialistes en santé féminine…
L’équipe de Gynécée constituée par Salomé et Camille regorge de talents adaptés à chaque femme. Le lieu est chaleureux, à la hauteur de l’offre adaptée à chaque intimité. Dans un monde où l’Humain est trop souvent mis de côté au profit de la santé, Gynécée propose d’y remédier.
Quel est votre parcours à l’une et l’autre, et surtout, comment vous êtes-vous rencontrées ?
Salomé : J’ai 30 ans, je ne viens pas d’une région en particulier, ayant un père officier dans l’armée, nous avons beaucoup voyagé notamment en Afrique. J’ai effectué mes études entres Reims, Provins et Paris. A la suite de mes études, je passe le concours pour être infirmière militaire et je rejoins l’armée en 2013. J’intègre l’hôpital d’instructions des armées Bégin, et je travaille dans différents services : réanimation, gynécologie, maternité, oncologie, urgences… J’avais le désir de partir pour créer Gynécée et à la fois l’opportunité de partir au Mali. Pour des raisons personnelles et peut-être grâce au destin (!), j’ai choisi de créer Gynécée avec Camille.
Camille : J’ai 29 ans, je suis née à Nantes et j’y ai vécu jusqu’à mes 19 ans. Je suis arrivée à Paris pour intégrer l’Institut de Formations en Soins Infirmiers à Cochin. Pendant 3 ans, je me suis formée pour être infirmière. Après mon diplôme, je m’engage en tant qu’infirmière militaire au sein de l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) du Val-de-Grâce. A la fermeture de ce dernier, je suis arrivée à l’HIA Bégin, où j’ai rencontré Salomé. Nous avons travaillé ensemble plusieurs mois en service de réanimation. C’est le début de notre amitié et du projet Gynécée à la fois.
Qu’est-ce qui pousse deux jeunes femmes à se lancer dans l’aventure Gynécée ?
Notre expérience professionnelle en tant qu’infirmière nous a permis de nous rendre compte que la qualité des soins à l’hôpital étaient optimales. Cependant, notre envie était de compléter cette prise en charge afin qu’elle soit globale (psychologique, émotionnelle, physique, etc.) Par manque de temps, ces aspects peuvent être négligés. Notre souhait est de pouvoir être complémentaire au système de soins actuel par des pratiques hollistiques.
Salomé : J’ai quitté l’armée pour suivre une formation de sophrologie et j’ai réussi par la même occasion à convaincre Camille de venir avec moi créer Gynécée. Le projet a mis du temps à se mettre en place. Nous avons beaucoup discuté : de ce qu’on souhaitait faire, à qui on voulait parler, quelles seraient nos problématiques. En fin de compte, nos amies nous ont énormément inspiré. Assez rapidement, on s’est rendu compte qu’on voulait une structure dédiée à la santé de la femme : endométriose, ménopause, problème de fertilité, maternité… En tant que femme, nous pouvons nous trouver isoler et perdue lorsque l’on veut trouver des praticiennes expertes dans ces domaines.
Camille : Chez Gynécée, notre but est d’informer et de prévenir. Une femme informée sera actrice de sa prise en charge et ne subira donc pas ce qu’elle traverse.
Le petit plus chez Gynécée, c’est que les femmes qui ont des bébés en bas âge peuvent venir avec, c’est nous qui nous adaptons et non elles ! On nous dit que c’est tellement rare.
Comment s’est passé le lancement de Gynécée ?
Salomé : Officiellement, la maison est ouverte depuis le 18 mai 2021. Cependant, nous avons en réalité lancé Gynécée, en distanciel, au début du premier confinement en avril 2020. Pour la petite histoire, nous avons créé un compte Instagram 2 ans avant notre ouverture pour nous rapprocher et comprendre plus précisément les besoins de notre communauté, ce qu’elles souhaitaient retrouver chez Gynécée.
Nous étions, du coup, très heureuses de pouvoir les rencontrer « en vrai » lorsque la maison a pu ouvrir ses portes. Le lieu physique est important pour nous. Dans cet espace chaleureux, nous créons du lien entre elles et nous mais aussi entre elles. Ces échanges sont précieux car les femmes Gynécée se soutiennent entre elle. Bien sûr, les rendez-vous sur Zoom sont très importants car cela permet aux femmes qui ne peuvent se déplacer jusqu’à chez Gynécée d’accéder aux même contenues. Cependant, il n’y a pas cette spontanéité, comme les discussions dans le salon après les cours ou les consultations.
Camille : Pendant le premier confinement, on a vite été confronté à des femmes dont le parcours de PMA s’arrêtait du jour au lendemain, des femmes enceintes un peu perdues… Alors quand on a été confinées, certaines nous demandaient ce qu’il en était de nos ateliers, conférences, qu’elles avaient besoin d’accompagnement.
Notre planning était prêt alors on s’est dit qu’on allait le proposer en ligne. Ça a été super, nous avons commencé à créer un premier lien avec nos patientes, elles étaient de plus en plus nombreuses a participer à nos ateliers et conférences. Nous avions des femmes des 4 coins du monde, ce qui était incroyable (Dubaï, New york, Londres, Canada, Italie…) Il faut savoir que maintenant un tiers de notre communauté n’est pas parisienne. Notre souhait est de pouvoir développer le distanciel afin qu’elles aient accès à la même information que si elles étaient chez Gynécée.
Salomé : Pour l’anecdote, pendant le premier confinement, on a organisé un cours de préparation à l’accouchement en live (sur IG) qui a duré 3H30 et c’était fantastique, vivant, toutes sont restées jusqu’au bout parce qu’elles n’avaient pas beaucoup d’autres solutions à l’époque et avaient un réel besoin d’accompagnement et d’information.
Concrètement, comment ça se passe ?
Salomé : Sur prise de rendez-vous pour consulter une de nos praticiennes ou pour assister à un cours de sport, une conférence ou atelier. A ce moment-là, nos patientes découvrent l’intégralité des prestations que nous leur proposons chez Gynécée. Souvent, les femmes nous contactent sur Instagram ou par mail et nous exposent leurs problématiques ou leurs besoins. Nous les conseillons et les orientons vers les professionnelles qui nous semblent répondre aux mieux à leurs besoins.
Il faut savoir que la plupart de nos professionnelles sont suivies également chez Gynécée, donc une patiente peut vite être orientée, conseillée. Chacune connaît le champ d’expertise de chaque professionnelle et s’adapte du coup assez vite aux besoins d’une patiente.
Camille : Chez Gynécée, ça va du bébé à la jeune fille, à la femme en désir d’enfant, à celle en problème de fertilité, aux maladies féminines, à la grossesse, post-partum, allaitement, pré- et ménopause. On leur propose vraiment un accompagnement sur-mesure en fonction de LEURS besoins ainsi de leur mode de vie aussi, toujours dans une démarche bienveillante et holistique.
Salomé : La structure étant assez petite, on a parfois une liste d’attente pour certaines praticiennes mais on trouve toujours des solutions (comme reprogrammer un cours ou une conférence, par exemple !)
Des projets à venir ?
Salomé : Beaucoup ! Aujourd’hui avec Camille, on gère beaucoup de choses à deux, on a la lancé un podcast à la rentrée et bientôt deux livres : le cycle menstruel et la ménopause, avec toute l’expertise Gynécée de nos professionnelles sur le plan psychologique, médical, sportif, nutrition, routine bien-être, etc. On est super contentes de voir le résultat. On a reçu beaucoup de demandes de franchises ou d’associations, notre projet étant encore tout jeune, on a envie de pouvoir s’en occuper à fond dans un premier temps, mais nous sommes toujours ouvertes à la discussion.
Nous aimerions agrandir l’équipe afin de développer Gynécée que se soit en physique mais aussi sur la partie digitale ! Et on ouvrira probablement un Gynécée à Bordeaux bientôt, mais on en reparlera !