On ne l’aura jamais autant lu et entendu que ces dernières années et hallelujah, il est enfin de notoriété publique qu’après l’accouchement, une mère a besoin/ a le droit de prendre du temps pour elle sans culpabiliser. Pourtant, si la parole se libère, dans les faits, c’est plus compliqué. On vous dit pourquoi il faut déconstruire certains préjugés et comment y arriver.
Le choix des mots
Pourquoi dit-on « créer » au lieu de « prendre » du temps pour soi? Parce qu’il n’y en a plus vraiment… Après l’accouchement, le retour à la maison peut rapidement devenir une spirale où l’on ne voit pas le temps passer car tout tourne autour de bébé : ses tétées ou ses biberons nuit et jour, des kilomètres de couches, des montagnes de lessives, une profonde fatigue, les sollicitations des proches etc. etc. etc. On ne vous refait pas le tableau, vous le connaissez déjà de près ou de loin. Le congé mat porte mal son nom car c’est loin d’être des vacances.
Créer du temps pour soi c’est : s’octroyer une bulle d’air, prendre du recul, se recentrer… Cela aide à relativiser, à être indulgent avec soi, à ne pas s’oublier. Non, le parent parfait n’existe pas et heureusement, cela ne servirait ni vous ni votre bébé! Chacun fait de son mieux. Le meilleur cadeau qu’on puisse faire à son enfant justement, c’est d’organiser ce temps libre pour soi, sans bébé, pour se rééquilibrer.
Comment prendre du temps pour soi quand on vient d’avoir un bébé ?
– Accepter
Si tout un tas d’articles, de posts, de réels Insta existent, c’est parce qu’il est plus facile de se laisser noyer dans un tourbillon que de vraiment prendre ce temps pour soi. Évidemment, on fait une généralité mais tout dépend du caractère de chacune. Ce qu’on veut dire c’est que ça paraît évident là comme ça écrit sur le papier mais que c’est beaucoup plus difficile à mettre en pratique et souvent la cause numéro 1 c’est la culpabilité. Or non, c’est comme un cadeau que vous faites à votre enfant.
– S’adapter, se fixer un objectif réel
Une fois que l’on a accepté l’idée, le but est de le faire en s’adaptant à votre personnalité, votre vie. On est tous différent.e.s et il faut que ça reste raisonnable. Après si vous avez plein de gens à dispo et besoin de prendre l’air, faites-le, mais si vous avez du mal, c’est aussi OK de le faire à petites doses. L’important c’est juste d’avoir des respirations, le rythme c’est vous qui le créez.
– Solliciter et relayer
Pas le plus simple. On n’a pas forcément tous de la famille à proximité ou alors pas forcément une famille à proximité qui peut ou veut aider. En revanche, on peut avoir une famille choisie : amis et cercle proche qui peuvent vous épauler d’une quelconque manière selon les envies et le temps de chacun. Aider c’est garder quelques heures bébé, aider c’est venir s’en occuper pendant qu’on fait une sieste, c’est ranger, c’est apporter des petits plats, c’est des attentions diverses et variées, c’est être à votre écoute et donner un coup de main. On ne le dira jamais assez : il faut un village pour élever un enfant et ce n’est pas « normal » d’être isolée… Pas de culpabilité!
– Anticiper
Avec un bébé les imprévus sont vite arrivés! Alors, si on peut au maximum mettre une charge mentale sur le papier ou grâce à nos merveilleux objets high-tech qui sont faits pour ça, c’est tout bénef. Le mommy brain c’est une tannée comme chacune sait et pour pallier ce manque de mémoire, rien de tel que : une liste sur le frigo/dans l’entrée pour rien oublier, l’appli « Rappels » du téléphone qui, comme son nom l’indique, permet de tout poser en 1 seconde et se le faire rappeler en temps et en heure : génie. De quoi gagner du temps et soulager son cerveau.
– Lâcher
On ne va pas dire « lâcher prise » mais c’est un peu ça. Et dieu sait que ce n’est pas forcément facile (coucou la team control freak, on est ENSEMBLE!) Oui, le co-parent, la belle-maman, la nounou, ne fera pas parfaitement certaines choses et vous savez quoi? Ce n’est pas grave! Prendre du temps pour soi passe aussi par cette acceptation.
– Programmer
A votre rythme, à votre envie, essayez de vous fixer des petits rendez-vous « pour vous ». Une expo, une balade, un dîner en amoureux, une soirée entre amies, un théâtre avec mamie, une séance de sport si vous avez envie, un ciné seule ou à deux, ou juste : un créneau où vous ne faites rien. Rien. Rien. C’est ok aussi!
Un enjeu vital
Sans vouloir casser l’ambiance, rappelons des faits importants. En avril 2024, une étude de Santé publique France et de l’Inserm a révélé que le suicide était devenu la première cause de mortalité chez les jeunes mamans, devant les maladies cardiovasculaires. Et oui, aujourd’hui, on a enfin la chance d’assister à la libération de la parole autour de tout ce qui touche à la maternité de près et de loin, de tous ces sujets tabous dont on taisait les maux. PMA, grossesse, accouchements, violences obstétricales, post-partum et dépression post-partum…
Avoir un enfant c’est beaucoup de joie, autant de défis, de moments pas forcément évidents et nous ne sommes pas toutes égales face à ces difficultés. Parce que toutes les femmes n’ont pas la même histoire, pas le même passé psy. La réalité c’est qu’une mère sur cinq souffre de dépression post-partum. Aujourd’hui, on s’interroge enfin sur : comment mieux accompagner les femmes en post-partum mais le chemin est long. Nous sommes fières d’être de celles qui militent pour une autre représentation de la parentalité et fières de continuer à libérer cette parole!
Si vous traversez une période difficile, pensez à consulter un.e psychologue spécialisé en périnatalité ou à contacter des associations telles que « Maman Blues », qui peuvent vous apporter le soutien dont vous avez besoin.