Confidences : la maternité de Margaux de Fouchier

On souhaite à tous et à toutes d’avoir une personnalité aussi rayonnante, solaire et positive que Margaux dans votre vie ! Pour Popote, nous avons rencontré Margaux De Fouchier autour d’un café pour parler parentalité, grossesse et allaitement. Un entretien sans filtre dans lequel elle nous conte ce voyage pas si facile devenu petit à petit sa plus grande source de bonheur quotidien aujourd’hui. Vous avez besoin d’une dose de bonne humeur ? C’est parti.

On parle de quoi ?

Parle-nous de ta grossesse, est-ce que c’était attendu ?

Très ! On va que dire nous avons attendu et espéré pendant presque 6 mois avant que la magie opère. Ça paraît peu, bien sûr, mais j’ai le SOPK et j’ai subi une intervention liée au HPV il y a quelques années, pendant laquelle on a dû m’enlever une bonne partie du col de l’utérus. Mon gynéco de l’époque, un peu ancienne école, m’avait mise en garde en me disant qu’un projet de grossesse pouvait me prendre plus de temps par rapport à la “normale”, et que si ça ne marchait pas au bout de 6 mois, il faudrait refaire un point ensemble, notamment en commençant par booster mes hormones, etc. Avec tout ce bagage, on sait qu’il faut être zen et sereine, que le corps et l’esprit sont très liés et qu’il faut réussir à ne pas trop se mettre de pression, mais plus le temps passait et plus j’étais obnubilée à cette période fatidique mensuelle, de savoir si cela avait fonctionné, et quand cela échouait, j’étais de plus en plus déçue. J’ai évidemment pris soin de moi, fait attention à mon hygiène de vie, pris de l’acide folique religieusement et puis… Je suis tombée enceinte juste avant de partir en vacances avec ma cousine. Le fameux lâcher-prise a peut-être aidé à ce moment-là pour que mon bébé s’accroche pour de bon !

Comment s’est passé ce début de grossesse ?

Un premier trimestre assez classique je pense, j’avais des petites nausées, mais l’impression d’être en gueule de bois perpétuelle et j’étais fatiguée comme rarement. Je me suis demandé : mais comment font les femmes pour tout gérer – notamment au bureau – sans en parler pendant 3 mois ?! J’ai la chance d’être à mon compte et de pouvoir gérer mes journées comme je l’entends (dans la mesure du possible, mais moi qui ne fais jamais de sieste, là j’ai lâché les armes !) et j’ai une réelle admiration pour celles qui continuent leur vie comme si de rien n’était aux yeux du reste du monde alors qu’on subit un changement drastique, et dans le corps, et dans la tête. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on le cache… C’est quelque chose qui m’a rendu dingue, en fait. Et puis, même si ça ne marche pas, autant en parler à son entourage, non ? Je trouve ça hyper important d’être accompagnée dans ces moments tellement intenses, pleins d’émotions partagées, même si je comprends aussi bien évidemment l’envie d’en faire une “surprise”, de garder cela pour soi, ou même d’être un peu superstitieux… Mais de mon côté, je ne pouvais pas ne pas le dire à mes plus proches. Mon amoureux préférait faire la surprise aux siens, c’est le compromis qu’on a trouvé ! C’était un challenge ! À chaque dîner j’avais envie de clamer haut et fort « Je suis enceinte, et oui, je le dis, ça fait moins de 3 mois et alors !!! »

Vous avez voulu savoir le sexe du bébé ?

Oui ! Avant d’être enceinte c’était comme une évidence et finalement quand la question s’est posée, j’ai hésité. Je me suis dit : Ça ne va pas changer l’amour que je lui porte, et c’est peut-être la dernière fois que l’on pourra vivre une “surprise” pareille. Mais finalement, on a voulu savoir quand même, pour nous aider à réaliser et mieux nous projeter. Comme j’ai eu des sœurs, j’avais une petite préférence pour une fille au début, mais quand j’ai su que c’était un garçon, c’est terrible mais ça m’a comme soulagée. En même temps, il y a un enjeu d’éducation, que ce soit pour l’un ou l’autre bien sûr, mais elle ne serait pas tout à fait pareille… On se sent investi d’une mission ultra importante avec ce que l’on sait des enjeux d’égalité et de protection. Mon amoureux est super pour ça, son fils a déjà un bel exemple, il lui donne beaucoup de tendresse et d’amour.

À la fin de ta grossesse, tu as eu la cholestase…Tu nous racontes ?

La cholestase c’est une maladie liée au foie qui est plus fréquente qu’on ne le pense ! Les symptômes dans mon cas étaient de très fortes démangeaisons partout sur le corps mais concentré surtout dans le bout des mains, les bras et les cuisses. Il n’y a absolument aucun signe extérieur : aucune plaque, aucun bouton mais : ça gratte car c’est dans le sang. Ça m’est tombé dessus au 7e mois donc j’ai dû être hospitalisée trois fois soit à l’hôpital soit à domicile. J’étais suivie de très près pour qu’il n’y ait aucun risque pour mon bébé ou pour moi. C’était un moment très très difficile, j’avais énormément de mal à m’habiller, je devais mettre les vêtements à l’envers pour éviter toutes coutures au contact de ma peau, je mettais (en plein hiver) des serviettes mouillées pour essayer d’apaiser les démangeaisons tant bien que mal et bien entendu mon sommeil en a énormément souffert aussi. Comme les résultats étaient bons on tenait le coup, il valait mieux que le bébé reste au chaud mais au 8e mois, j’ai été déclenchée.

On en vient à ton accouchement… Comment s’est-il déroulé ?  

L’annonce du déclenchement a été un soulagement. Je commençais à devenir folle !  Les fêtes de Noël étaient très compliquées dans cet état et j’avais hâte d’être libérée. Le déclenchement a été long puisque ça a duré 2 jours. On m’a convoqué un lundi matin et mise en chambre avec un monitoring. J’ai d’abord pris des comprimés de prostaglandine, mais ça n’accélérait pas suffisamment le processus. Les contractions augmentaient mais je n’avais pas vraiment mal, je ne sentais pas grand chose. Donc le lendemain, on m’a installée en salle d’accouchement, perfusion d’ocytocine mais ça n’a pas fait bouger les choses plus vite. Vers 20 heures, changement d’équipe des sage-femme, et c’est la doyenne qui s’occupe de nous. Elle m’installe à 90°, et me donne son remède de sorcière : 3 perfusions de spasfon à chaque contraction. En une heure, mon col s’était ouvert et le grand moment est arrivé !

Sans péridurale ?

Ah si !  J’ai eu une péridurale très tôt dans la journée. Cette partie-là, c’était de loin ma plus grande angoisse ! En prévision, lorsque j’avais eu rendez-vous avec l’anesthésiste, elle m’avait montré des schémas pour m’expliquer en long, en large et en travers la taille de l’aiguille, toutes les couches de peau que ça allait traverser etc. Spoiler : Ça ne m’a pas aidé du tout ! Mon copain m’a dit que quand on me l’avait posée j’étais passée par toutes les couleurs possibles. Mais après wow quel bonheur ! J’étais high, j’ai pu faire les siestes que je n’avais pas pu faire depuis des semaines, j’ai joué à la Nintendo, on a regardé Mission Impossible… C’était une vraie belle journée ! Et comme on était le 31 décembre, on a aussi passé la journée à parier sur son année de naissance avec toute l’équipe… L’équipe de soignants était incroyable, il y avait une très bonne ambiance. Donc voilà, ce jour-là, après les 3 perfs de Spasfon, c’était parti. La sage-femme m’a fait faire un exercice de poussée, puis elle a dit que tout était prêt. On s’est mis en place et seulement 9 petites minutes plus tard T. était né !

Super rapide alors ! C’était comme tu espérais ?

Malheureusement le passage a été trop abrupt, trop rapide pour T. Il n’a pas eu le temps d’être « massé » en passant par le bassin. A sa sortie c’était donc assez impressionnant, ses poumons n’étaient pas ouverts, il était en insuffisance respiratoire. Donc très vite ils l’ont emmené en néonat, je l’ai aperçu en couveuse rapidement mais j’étais complètement à l’ouest d’émotion, de peur, et à cause de l’anesthésie. Tout ça paraît irréel… Je suis remontée en chambre vers 4 heures du matin, épuisée comme jamais je l’avais été auparavant et je n’ai pu le voir que le lendemain à 13h. C’était super violent. J’étais à la fois épuisée, émerveillée, avec un grand besoin d’être rassurée et de sentir mon bébé contre moi pour réaliser, besoin de le voir pour le “reconnaître”, et je n’avais accès à lui qu’avec des câbles dans tous les sens et la grande peur que cela lui fasse mal ou d’empêcher que ceux-ci soient défaillants si je n’y touchais pas de la bonne façon.

Très éprouvant… As-tu pu le nourrir comme tu le souhaitais ? Biberon ou allaitement ?

J’ai pu tirer mon colostrum et on lui a donné avec une seringue… C’était comme nourrir un oisillon et rien que d’en parler me rend émotive. Finalement, le temps qu’il soit en néonat m’a permis d’avoir la montée de lait donc je l’ai mis au sein petit à petit même s’il avait des biberons de lait infantile en parallèle. J’avais choisi de gérer cette partie un peu en naviguant à vue ! Donc on a fait un mix entre allaitement au sein et biberon de lait infantile pour deux raisons : la première c’est que son père voulait m’aider et particulièrement la nuit. Et la deuxième c’est que je ne voulais pas tirer mon lait non-stop. J’ai très mal vécu cette partie-là à l’hôpital, je trouvais que la machine faisait un bruit pas possible et je me suis dit : je vais être collée serrée à mon fils donc si, lorsque j’ai quelques minutes pour moi, je dois calculer les tétées et tirer… Ce n’était pas possible, j’allais devenir folle et m’oublier. Cet allaitement mixte s’est passé pendant 3 mois et demi. On a tout fait au feeling et sans prise de tête, même si bien sûr j’avais une super sage-femme qui m’accompagnait, et que j’allais à la PMI vérifier que tout allait bien… Et puis un jour ce fut la dernière tétée. Je ne l’avais pas décidé comme tel, mais je sentais que mon fils n’était pas aussi rassasié qu’après un biberon et que ça l’énervait. J’ai été à l’écoute. C’était un moment parfait : on était sur le canapé, au soleil, hyper bien tous les deux. Mon amoureux à côté. Je me suis dit “et voilà, nous y sommes, c’est la dernière.” C’était un très joli moment, très apaisé, lumineux, évident.

Le post-partum après toutes ces émotions, c’était ok ?

C’était assez dur au début. Avec cette brusque chute hormonale, j’ai bien pleuré pendant 2-3 semaines. Pas de tristesse mais d’émotions. J’étais très émue devant la petitesse de mon fils, devant la beauté du métier de sage-femme, devant autant d’amour aussi. Et puis, on ne parle pas des premières nuits qui sont super difficiles (la nuit de java tu connais !) donc tout ça met les émotions à rude épreuve. Ceci étant dit, comme le temps est passé, je pensais que ce serait « pire » et j’ai l’impression que mon corps s’est vite habitué, que l’on a trouvé le rythme, pris le pli petit à petit. Bien sûr, on a accumulé de la fatigue mais on a aussi glané tellement d’amour et de bonheur dans tout ça.

Et maintenant, la maternité comment la vis-tu ?

Je pourrais en parler des heures tellement c’est une révélation ! Je reviens de si loin. J’avais tellement de choses à régler avec moi-même en termes de santé mentale que je me suis dit pendant longtemps que je n’étais pas faite pour ça. Avoir un enfant me semblait vertigineux avec son lot de responsabilités, de questionnements sur l’éducation, les bonnes transmissions – ou plutôt comment ne pas lui transmettre tous les poids dont j’avais (ou pas !) conscience, les traumas, ceux des générations précédentes également…  etc. Et puis, depuis que je suis maman je me dis : Mais enfin ! Je suis née pour être sa mère ! Là, 10 mois après sa naissance, je me sens prête pour un 2e, mais pour être honnête je l’ai pensé très vite ! On est heureux, encore plus amoureux, on forme une super équipe… Évidemment, il y a des petits et grands défis au quotidien, mais on est dans l’épanouissement total. J’ai aussi conscience que je dis ça aujourd’hui, mais évidemment, on verra de quoi demain sera fait. Néanmoins, la maternité me ramène au présent, me réaligne et recentre sur l’essentiel, et étrangement m’apporte une sérénité que je n’avais jamais ressentie auparavant.

Découvrez nos produits pour (future) maman

Séparateur

Nos articles qui pourraient vous intéresser