Co-fondatrice du site d’info féministe L’importante, Sacha Posternak est aussi la maman d’une petite Noa. Alors, comment vit-on sa grossesse et sa maternité quand le combat féministe est au coeur de son quotidien? Rencontre.
Peux-tu te présenter, quel est ton parcours, d’où tu viens…
J’ai grandi dans le Sud-Ouest, dans le Gers précisément, en pleine campagne. Mes parents avaient quitté Paris pour se lancer dans le vin. J’étais entourée de mes sœurs, dans un mood très famille, au milieu des vignes. (Oui, je sais, le paradis.) Quand je suis montée à Paris pour le lycée, c’était le choc des cultures après ces années en autarcie. Après une fac en “éco-gestion”, j’ai fait de la finance de marché, l’ESCP et j’ai travaillé dans un fond d’investissement. Au début c’était super… Puis mon entreprise a racheté une autre boîte et c’est devenu une toute autre histoire. Par chance, mon père et ma sœur travaillaient ensemble et j’avais envie de monter un projet autour des femmes, peut-être dû à cette expérience très masculine du monde de la finance… Donc j’ai démissionné et intégré l’équipe de L’important avec pour envie de lancer avec ma sœur L’importante.
L’idée de L’importante est née à un moment clé, un peu avant #metoo, les sujets autour des femmes allaient prendre beaucoup d’ampleur. Nous, on voulait faire un média qui parle des femmes, sans tabou, et surtout, relayer des infos que les gens ne voient pas forcément ailleurs. On a eu la chance d’être soutenues, relayées par des femmes formidables. En parallèle, plein de comptes féministes ont émergé et il y a eu une sororité folle.
Quels comptes Instagram t’inspirent sur la maternité?
J’adore Louise Chabat, elle me fait un bien fou, elle démonte les tabous sur la maternité, elle rebooste, elle fait rire… Un shoot de bonne humeur. Dans un autre style, je recommande Kiffer l’école, c’est quelque chose que j’aurais rêvé découvrir quand j’étais plus jeune, Emilie propose un autre regard sur l’éducation et arrive à distiller un regard bienveillant et positif sur des questions qui étaient rigides et figées. Ça fait beaucoup de bien de voir que les choses peuvent bouger! Amélie Challeat, j’aime beaucoup sa force et sa sensibilité. Elle montre une nouvelle forme d’influence, en dévoilant sa vie avec sincérité, ça fait du bien.
Des livres ou films qui t’ont aidé pendant ta grossesse ou sur la parentalité?
Le livre « Le mois d’or », il m’a aidé à anticiper au mieux ce qui allait arriver. Et mon conjoint l’a lu aussi, ce qui m’a beaucoup aidé, j’en suis convaincue. Sa priorité était d’être présent et de prendre soin de nous.
Parlons de ton quotidien de maman. Combien as-tu d’enfants? Comment s’appelle-t-il ou elle?
J’ai une petite fille de 2 ans qui s’appelle Noa.
Comment s’est passée ta grossesse?
C’était une grossesse désirée, attendue. J’ai toujours été fascinée par la maternité, j’ai toujours voulu être mère. J’écoutais les podcasts de Bliss stories bien avant d’être maman. Donc quand je suis tombée enceinte, je me suis dit : « J’ai peur mais j’y vais! ». J’avais une certaine appréhension dans le sens où c’est merveilleux que la parole se soit libérée autour de la maternité, de la grossesse et du post partum mais j’avais en tête toutes les possibilités de ce qui pouvait se passer en gros. C’est vertigineux! Dans ma tête, je me disais : « À quelle sauce vais-je être mangée? Qu’est-ce qui m’attend? ». Heureusement ces angoisses se sont apaisées. J’avais fait assez de sujets sur L’importante pour me rappeler que « Le savoir, c’est le pouvoir ! »
Globalement, j’ai eu une grossesse sans histoire. J’ai juste vu pas mal de gynécos différents avant de trouver celui qui me convient pour me suivre et m’accoucher. J’ai eu la chance par la suite de rencontrer un gynéco très très bienveillant. Quelqu’un qui ne m’angoisse pas sur la prise de poids mais qui suit l’évolution de manière saine et raisonnable, quelqu’un qui couvre la zone qu’il examine pour respecter mon intimité, quelqu’un qui m’explique les choses, qui connait la notion de consentement… Bref, quelqu’un d’humain. Et c’était important d’avoir un médecin en qui j’ai confiance, avec qui je me sente bien. J’avais besoin d’avoir un cocon.
C’est une période où je me suis sentie super bien. Je planais. Je me sentais belle, j’avais l’impression d’avoir un super pouvoir. J’étais en train de créer la vie!
As-tu fait une préparation à l’accouchement?
Absolument. Pour la prépa je me suis fait plaisir. D’abord, j’ai fait de l’haptonomie avec mon mec. Il a voulu s’impliquer à fond dès le début dans cette grossesse. Et c’est une expérience qu’on a adoré, ça nous a permis de vraiment réaliser ce qui était en train de se passer. Elle m’a appris à gérer la douleur. Mon copain me parlait pendant ces ateliers, comme si on faisait de la méditation, pour concentrer mon attention sur autre chose que la douleur ou l’inconfort. J’ai vu une sage-femme aussi avec qui j’ai pratiqué les massages du périnée.
J’ai testé le yoga prénatal. Et puis grâce à une super mutuelle qui inclut les médecines alternatives, j’ai pu me faire chouchouter. J’ai fait des massages énergétiques, de l’acupuncture et le fameux « point du beau bébé » pour avoir un bébé calme et zen (et qui fait ses nuits huhuhu). En fait c’était ma première grossesse et j’avais envie de la vivre à 1000%. Cette grossesse est devenue ma priorité.
Comment s’est passé ton accouchement? Est-ce vraiment « le plus beau jour » de ta vie?
Je m’étais préparée pour un accouchement par voie basse et finalement comme toutes les femmes de ma famille, j’ai eu une césarienne donc j’étais surprise et pas surprise à la fois.
La veille de l’accouchement, on est allés à la maternité, elle faisait de la tachycardie, ils m’ont dit de revenir le lendemain matin pour une césarienne. Quand je suis face à une situation qui me stresse mais sur laquelle je n’ai pas vraiment de pouvoir j’essaie d’être positive et je me dis que quoi qu’il arrive j’ai une bonne étoile, donc ça ira…
J’ai quand même pleuré parce que je réalisais que c’était la fin de ma grossesse, que je n’allais pas accoucher par voie basse et que je voulais que tout se passe bien. Quand on est arrivés le lendemain pour l’accouchement, c’était parfait. Ils m’ont fait la péri pendant que mon gyneco lançait sa playlist Norah Jones, et on tombe pile sur LA chanson que j’écoutais pour m’apaiser quand j’étais stressée enceinte… Puis ils l’ont posée sur moi. Et là, c’était si bizarre. J’avais l’impression que je la connaissais, que je savais qu’elle serait comme ça. C’était fou. C’était un moment de pur rêve, de pur « bliss » comme on dit.
Ce qui était dur c’est que tout le monde s’en va et que toi tu restes pendant qu’on te recoud pendant bien 30-40 minutes. Je ne savais pas grand-chose sur la césarienne, on en parle très peu. Je tremblais à cause des médicaments, j’avais du mal à respirer… Mon mec a eu un rôle très important. Quand j’ai commencé à angoisser, il a réussi à m’apaiser, grâce au travail de méditation qu’on avait fait pendant le cours d’haptonomie notamment.
En salle de réveil, j’étais super mal en mode nausées et tremblements. Je n’ai pas voulu voir ma fille tout de suite, j’étais crevée, amorphe. Je voulais être « moi-même » pour notre première rencontre. Mon mec l’a gardée en peau à peau à côté pendant que je récupérais. Je sentais plus mes jambes. C’est spécial quand même. En terme de répartition de la charge mentale, mon mec a géré parce qu’il a dormi avec nous là-bas, il a tout fait le temps que je me remette.
Tu as allaité?
Pas du tout. Je ne voulais pas allaiter. J’avais des copines qui avaient allaité mais qui avaient rapidement arrêté. Bref, j’avais pas profondément envie. Je ne suis pas fermée à l’idée si j’ai un deuxième enfant, mais pour un premier, tout est déjà tellement une découverte, j’avais besoin de maîtriser un peu les éléments. Et j’ai l’impression que l’allaitement, si t’es pas entièrement convaincue, ça peut être plus compliqué…
Comment s’est passé ton post-partum?
Mieux que ce que je pensais. Mes copines, mon entourage m’avaient dit : « Entoure-toi au maximum. » J’ai eu la chance d’accoucher pendant l’été donc on est partis en vacances avec toute la famille, j’étais super épaulée, dans un cadre top, avec tous les miens… Accueillir un enfant en famille, avec ma mère, mes sœurs, ça change vraiment la donne.
Quand je suis sortie de la maternité, ma mère et ma soeur avaient fait toutes mes courses par exemple. Elles savaient être présentes tout en respectant mon envie d’intimité. Je lui avais fait pareil pour son accouchement. On sait l’importance de la charge mentale à ce moment-là encore plus!
J’ai aussi pris une nounou de nuit pour qu’on puisse récupérer. Pas tous les soirs mais si on peut se l’offrir ou se le faire offrir en guise de cadeau de naissance, ça change tout. Quand tu sais que tu peux faire une nuit complète de temps en temps… Tu vois les choses différemment. La fatigue ça rend fou, c’est ça qui te fait vriller.
La maternité entre l’idée que tu en avais et la réalité, c’est comment?
Je me rends compte que c’est pas tant le début qui est difficile pour moi. On avait un bébé super smooth, c’était une évidence, on était entourés. Et c’est en grandissant que ça devient un peu un marathon. C’est une course d’endurance. Je pensais que je n’avais pas eu de post-partum mais c’est une période qui dure 3 ans. Je pense que physiquement je n’ai pas eu de post-partum ou quasi, je me suis remise très vite. Mais dans le sens où il faut trouver un équilibre entre la famille, le couple, comprendre la personnalité de son enfant qui grandit et qui change… Cela demande de prendre pas mal de recul. On peut vite se sentir submergée…
Petite, tu étais quel genre d’enfant ?
Petite j’étais une petite fille joyeuse, le genre qui chantonne et sifflote en se baladant. Je m’imaginais toujours des histoires fantastiques.
Avec le recul, je me dis qu’on vivait vraiment déconnecté à la campagne, avec mes soeurs on a vraiment eu une enfance protégée. Déjà il n’y avait pas les téléphones portables, peu internet, pas de transports en commun. Cette jeunesse m’a aidé à garder une insouciance, je fais confiance facilement.
Ton meilleur souvenir de maman ?
Ma rencontre avec ma fille. Le premier contact de sa tête contre ma joue lors de mon accouchement.
Ton pire fail ?
J’ai du mal à lâcher prise quand ça concerne ma fille. Je me dis que ça ira mieux avec le temps.
Un objet/jouet/accessoire qui te sauve la vie
La chaise haute Stokke, elle m’a sauvée. J’ai pu poser ma fille dedans et l’avoir à ma hauteur même quand elle était bébé. C’est super pratique. Et en plus elle est évolutive, elle a 2 ans et passe son temps sur sa stokke pour manger, dessiner, lire…
Des conseils pour une future ou jeune maman ?
De s’entourer au mieux de qui elle peut et de se faire confiance.
Que souhaites-tu transmettre à ta fille ?
Qu’elle se fasse confiance. Qu’elle soit fière d’elle. Qu’elle s’estime. Elle va forcément être confrontée à des choses qu’on ne contrôle pas. Mais si elle a confiance en elle et en ses choix je me dis que ça ira.