La meilleure façon d’allaiter c’est la vôtre ! L’OMS recommande d’allaiter son enfant 6 mois, une belle pression sur les épaules pour certaines, un plaisir qui s’éternise jusqu’à 18 mois pour d’autres, une corvée à mettre en place, ou alors un lien fusionnel qui vous rend accro… Chaque femme choisit la manière d’allaiter qui lui convient, et c’est pour décomplexer toutes les futures ou jeunes mamans que nous vous livrons ces témoignages qui montrent que quoi que vous choisissiez, vous êtes mère-veilleuse !
Audrey Rutz
Ali, fondatrice de Tajine Banane, warrior de l’allaitement induit
L’allaitement induit, c’est un peu la légende urbaine de l’allaitement ! « Y parait que y’a des femmes qui peuvent allaiter, sans avoir eu d’enfant ou dix ans après avoir accouché ! » Cette légende repose sur le fait qu’une femme puisse produire du lait, sans grossesse préalable ou éloigné de cette fameuse « montée de lait » qui permet la mise en place de l’allaitement. Légende urbaine alors ? Non ! Ali, la fondatrice de la marque TajineBanane, a vécu ce phénomène de relactation similaire à l’allaitement induit. Elle a réussi à reprendre l’allaitement après un arrêt très long, et suite à des problèmes de santé à la naissance de son fils. Ali, c’est un peu la papesse de l’allaitement, celle qui s’apprête à décomplexer (et à révolutionner) toute une génération de mamans allaitantes. Voici son témoignage de relactation :
« Je suis aide-soignante de métier, j’ai travaillé dans des hôpitaux, je connaissais les bienfaits de l’allaitement mais bien souvent on n’aide pas du tout les jeunes mamans à le mettre en place. C’est la raison pour laquelle mon premier enfant, je l’ai allaité 15 jours je crois. C’était un peu l’échec, je n’étais pas informée, pas soutenue et j’ai abandonné rapidement. Lorsque j’attendais ma fille, je voulais même pas en entendre parler. A l’époque, Instagram n’en était qu’à ses balbutiements, mais je me suis retrouvée sur un groupe style Doctissimo avec d’autres filles enceintes à peu près comme moi, on suivait nos grossesses respectives et les trois-quarts d’entre elles voulaient allaiter. Finalement lorsque ma fille est née, je lui ai donné le colostrum, puis j’ai démarré l’allaitement pendant 2 jours, 3 jours et jusqu’à ses 18 mois. Le groupe m’a beaucoup aidé, j’y ai trouvé beaucoup de soutien, j’ai appris à reconnaître les pics de croissance (et autres difficultés). Pour moi, si t’es pas informée, si t’es solo c’est clair et net que ce sera une galère pour y arriver. Forte de cette super expérience, mon troisième enfant, c’était du coup une évidence que je l’allaiterais.
Sauf que voilà, à 8 mois de grossesse, j’ai eu une crise d’appendicite, j’ai eu plusieurs opérations, dont une césarienne en urgence, puis d’autres opérations post-accouchement car j’avais eu septicémie, péritonite, bref la totale. Je suis restée deux mois à l’hôpital, alors que je m’étais imaginée un accouchement naturel, à la maison. Finalement, la première fois que j’ai pu porter mon fils dans mes bras, il avait 28 jours. Lorsque je suis rentrée chez moi, j’étais en larmes, j’avais des biberons, des boîtes de lait qui s’empilaient dans ma cuisine, mais je me suis dit : « C’est mort. On m’a pris trop de choses, je veux pas le faire. » J’avais entendu des légendes urbaines sur l’allaitement, comme quoi on peut faire venir une lactation un peu comme par magie, je me disais que j’avais allaité Maalli longtemps, que j’avais un peu essayé la tétée à chaque fois qu’il me rendait visite à l’hôpital, entre chaque changement d’antibiotique, d’antalgique, 5 minutes par ci, 5 minutes par-là, et j’ai eu envie de tenter le coup. Pour être honnête on a passé 3-4 jours de grosse galère, où Lou hurlait à la mort, les sages-femmes qui venaient à la maison me disaient d’arrêter de m’acharner, mais je me suis donnée quelques jours et la lactation est venue. »
Diane a donné le biberon à sa première fille, et a adoré allaiter sa deuxième…
La mise au sein n’est pas facile pour tout le monde. Surtout pour un premier enfant. Alors, mal informée, mal accompagnée, stressée, fatiguée, certaines abandonnent. Diane a vécu cette expérience, elle nous raconte :
« En 2016, l’allaitement était déjà la mode, pourtant je n’ai pas allaité Louise. Je l’ai vécu comme un échec. Je l’explique parce que j’étais l’une des premières de mon entourage, que personne n’avait allaité dans ma famille, je n’ai moi-même pas été allaitée. J’ai essayé à la maternité mais en donnant quelques biberons, et puis j’ai eu des crevasses alors j’ai stoppé net. Ensuite, Louise a été diagnostiqué intolérante au lait de vache à 3 ans, et j’ai culpabilisé… Pour Éléonore, ma deuxième fille, c’était différent. J’ai contracté le CMV, le virus préféré des crèches, qui est bénin chez l’adulte mais qui peut être très grave pour le fœtus. Je l’ai contracté au premier trimestre. C’est bien simple, le spécialiste qui m’a reçu m’a tendu une feuille de renseignement sur l’IVG en me disant « Ne vous attachez pas à ce bébé ». On a fait une amiosynthèse, et on était prêts à assumer. Finalement, elle est née en parfaite santé mais je voulais lui donner le meilleur. Là, je me suis renseignée en amont, j’avais des copines IRL et sur Instagram qui avaient allaité, ou qui étaient en train d’apprendre et je savais que j’allais avoir du soutien. Une amie m’a même préparé une boîte pour l’allaitement. C’était comme une évidence. D’ailleurs, à la maternité elle a tout de suite pris le sein, ça s’est bien passé. Pourtant ils étaient nazes, personne ne m’a aidé, les pédiatres étaient old school mais j’ai eu la chance de rencontrer une infirmière géniale. Quand je me décourageais elle venait, même à la fin de son service pour bien positionner Éléonore, elle m’a donné un patch, un truc que tu colles sur ton sein qui m’a bien facilité la vie. Après j’ai vu une conseillère en lactation aussi, mais Éléonore tétait trop fort. J’ai tiré mon lait, et ensuite on a plus eu de problème. J’avais fait un baby blues pour Louise, cette fois-ci je n’en ai pas eu. J’ai su-per-bien-dormi pendant 6 mois en allaitant Éléonore ! Contrairement aux idées reçues, j’ai un bon souvenir de cet allaitement, le sein c’était mieux qu’une tétine. C’est quand on a commencé le biberon que ça a été compliqué… Moi j’ai fait un sevrage forcé à 9 mois, elle aurait pu continuer mais c’est moi qui ait dit stop. Je commençais à être mal à l’aise avec le fait que ce soit elle qui m’enlève son t-shirt limite. J’ai introduit un lait infantile, fait appel à une coach en sommeil…
Ce qui m’énerve dans l’allaitement c’est les raccourcis, les idées reçues. Sur Instagram, on me dit souvent merci, parce que rien n’est blanc ou noir quand on est maman. On te juge sur tout ! Si t’allaites, si t’allaites pas, pas assez, trop longtemps, en public. Ma belle-famille par exemple, ils m’ont fait comprendre que ça les dégoutait, je devais aller dans une autre pièce ! J’ai tout entendu quand j’allaitais, qu’elle mangeait trop, pas assez, que ça allait être un enfant dépendant. La barbe ! Ma vision de la maternité c’est la tolérance et la bienveillance. On trouve beaucoup de discours tranchés, on se mêle beaucoup de la vie des autres, on trouve des modèles « parfaits » sur Instagram. On devrait respecter le choix des mères, se soutenir les unes avec les autres. Instagram heureusement, ça sert à ça aussi, se forger une communauté qui s’entre-aide sur certains sujets. Je dirais que mon allaitement finalement, il est venu avec la peur de la perdre, et la volonté de prolonger ce lien de protection. Je suis à l’aise avec mes choix, et je crois que c’est ce qu’il faut transmettre ! Soyez bien dans vos baskets ! »
Roxanne, l’allaitement mixte laisse un goût amer
L’introduction du lait infantile est souvent douloureuse, mais parfois aussi bien vécue par les mamans. Mais souvent c’est synonyme de manque de lait, de fatigue, de reprise du travail, de douleurs… Bref, certaines vivent l’allaitement mixte comme un échec, pourtant il y a toujours des bons côtés ! Roxane témoigne :
« Ma grossesse s’est bien passée, malgré quelques coups de pression relatifs à la croissance du fœtus. Il frôlait le RCIU (une pathologie qui fait que le bébé ne grandit pas suffisamment par rapport à l’âge de la grossesse). J’ai eu un suivi assez poussé puis j’ai été mise au repos et à terme, Ernest est né avec un poids et une taille tout à fait raisonnable. Pour être honnête, je ne me suis pas renseignée en amont sur l’allaitement. Je n’avais pas d’apriori sur la pratique. Je ne savais pas ce que j’allais faire. Je crois que surtout, je ne me pensais pas capable d’assumer un allaitement exclusif ou mixte, gênée à l’idée d’être la seule personne capable de nourrir notre enfant, et de créer une co-dépendance maman-bébé. Spoiler alter : j’ai adoré allaiter et je le referai avec un 2e enfant ! J’ai choisi un allaitement mixte car j’ai repris le travail, comme beaucoup d’autres mamans. Mais j’étais surtout dans un état de fatigue extrême, on m’avait conseillé de passer au biberon avant la reprise pour que je puisse me reposer la nuit. Sous-titré : pour que son père lui donne le biberon mais ça n’est quasiment jamais arrivé. En plus allaiter me donner un foutu mal de dos, je trouve que la posture des mères allaitantes est rarement confo. Plus la reprise du travail approchait, plus ma production de lait baissait. Je n’y arrivais plus… Alors j’ai introduit petit à petit, du lait artificiel.
C’est un choix que je regrette amèrement. Le lait infantile est couteux et préparer des biberons demande une organisation supplémentaire : il faut avoir des bouteilles d’eau si l’eau du robinet n’est pas saine, des dosettes de lait sur soi, ça fait de la vaisselle en plus… Bref, une charge dont je me serais bien passée ! Ernest réclame d’ailleurs davantage le sein, boude parfois son biberon, surtout s’il est malade ou autour de l’heure du coucher. Aujourd’hui, j’arrive à maintenir une tétée le matin et une autre le soir, parfois une dans la nuit. Sinon ; il tolère le biberon mais (peut-être parce qu’il a été habitué aux petites quantités) il ne boit que 90 ou 100ml de lait infantile.
Voilà ! Le seul avantage du mixte c’est que je peux siffler quelques verres au bar (même si c’est possible en tirant son lait aussi) et de savoir que n’importe qui peut nourrir Ernest sans qu’il y ait de manque (en quantité) et je trouve que c’est hyper rassurant ! »
Stéphanie a choisi d’allaiter au biberon, et elle ne regrette pas son choix !
De tous les témoignages récoltés, l’allaitement au biberon peine à s’affirmer. Pourquoi ? Souvent parce qu’il est synonyme de maman qui souhaite picoler, qui souhaite que son mec/sa meuf donne à manger, qui souhaite cloper, travailler, faire garder son bébé. Et pourtant quel mal à ça ? Une maman heureuse c’est tout ce dont a besoin un enfant, pas une maman frustrée qui se force à donner le sein ! Alors big up aux mamans qui tirent leur lait, vous avez le droit d’être vous, vous n’en êtes pas moins merveilleuses 🙂
« Ma petite Lyna est née avec trois semaines d’avance, il y a tout juste trois mois. Autour de moi, j’ai côtoyé pas mal de jeunes mamans qui allaitaient, alors je ne me suis pas trop posé la question, l’allaitement était une évidence. Un fait qui a d’ailleurs beaucoup étonné ma mère et ma grand-mère, qui elles n’avaient pas allaité ! Je crois que c’est une question d’époque, de mode qui va et qui vient. Comme Lyna avait un petit poids, j’ai pris mon rôle très à cœur, peut-être trop ? On m’avait conseillé de donner le sein à la demande. Sauf qu’au bout de 6 semaines, j’avais l’impression de vivre littéralement avec ma fille au sein. Elle était passée du ventre, au sein ! Toujours sur moi. J’en ai eu tout simplement marre, et j’ai eu envie d’avoir une vie à moi. Surtout qu’en tant que travailleuse indépendante, je n’avais pas vraiment de coupure dans mon travail et c’était trop compliqué à gérer… Du coup j’ai commencé à tirer mon lait et à lui donner en biberon. Elle a complètement accepté ce processus, ma mère, mon mec, ma grand-mère et ma soeur qui vient souvent la garder ont pu prendre le relai et me soulager. En commençant à donner le biberon, elle a pris de plus en plus de grandes quantités, je ne sais pas si ça aurait été le cas au sein. En tout cas aujourd’hui, elle tient 5H30 entre chaque biberon, moi je me suis fait au tire-lait (ou presque, je donne encore quelques tétées quand j’ai la flemme mais shhht ça reste entre nous !). Pour être honnête je pense tenir jusqu’à 6 mois pour elle, mais tirer son lait 6 fois par jour toutes les 3-4 heures, pendant 20-25 minutes, plus le temps qu’elle boive son biberon, plus tout le nettoyage etc. C’est beaucoup ! Mais je suis heureuse de le faire pour elle et puis 6 mois dans une vie c’est quoi ? »