Bien qu’il reste encore un petit bout de chemin à faire, les connaissances évoluent sacrément sur le corps de la femme. On parle beaucoup des changements qui opèrent lors de la grossesse, un peu de ceux qui interviennent lors de l’accouchement. Mais la physiologie de l’allaitement reste encore très/trop méconnu du grand public. Ici on ne parle pas de devoir allaiter ou non, mais simplement de (re)découvrir un pan un peu oublié de la magie du corps humain ! Quelques informations qui vous expliquent comment fonctionne l’allaitement.
Raconte-moi ce sein que je ne saurai voir
A l’intérieur du sein, on y retrouve des lobules, mini usines à lait maternel capables de synthétiser ses différents composants du lait maternel en puisant une partie des matières premières dans le sang maternel. Ces glandes mammaires sont aussi capables de stocker le lait une fois fabriqué.
Autour de ces lobules, certaines cellules (dites contractiles) n’existent que pour permettre au lait de sortir des lobules via les canaux lactifères jusqu’au mamelon.
Et pour protéger le tout, une petite couche de tissu adipeux – comme quoi la graisse ça a aussi du bon !
En avant les hormones !
Pour fabriquer du lait maternel, il faut des hormones, plein d’hormones… et ce dès la grossesse. Lorsqu’on est enceinte, les œstrogènes, la progestérone et l’hormone lactique placentaire contribuent à la croissance du sein, de l’aréole et des glandes mammaires.
Après l’accouchement ces hormones CHUTENT (celles qui savent, savent #babyblues) ce qui libère l’action de la prolactine. Cela va permettre la fabrication du lait maternel en puisant ses composants dans le sang maternel. Lorsqu’on n’allaite pas, le taux de prolactine redescend à son niveau le plus bas (d’avant grossesse) en une quinzaine de jours.
Concrètement, lorsque bébé tète, le cerveau va envoyer un message pour libérer les hormones dans la circulation sanguine. Le taux de prolactine augmente et les cellules alvéolaires produisent du lait en réponse au niveau des alvéoles mammaires, où il est également stocké.
La prolactine est sécrétée de manière pulsatile, plusieurs fois par jour. Il y a un pic en fin de nuit, d’où les réveils nocturnes pour téter, tout ça tout ça.
Ensuite c’est au tour de l’ocytocine (encore elle) de rentrer en jeu qui va permettre le réflexe d’éjection du lait. Mais la sécretion d’ocytocine étant « humeur-dépendant », un état de stress peut retarder le réflexe d’éjection. On fait donc son max pour adoucir la vie de la jeune Mamma !
Après environ huit semaines d’allaitement, c’est le drainage des seins qui indique au corps la quantité de lait à produire. Plus le bébé tète, plus le sein se vide, plus il va produire du lait. On dit alors que la lactation passe en régulation autocrine, plutôt qu’endocrine. Elle n’est alors plus sous contrôle hormonal.
L’interconnexion lactée
C’est fou mais l’allaitement et le bébé naissent et grandissent ensemble. Dans le sens où la lactation s’adapte aux besoins du bébé. C’est un « programme nutritionnel » unique et sur mesure pour chaque bébé ! Plus le bébé tète, plus le corps produit. Qu’il soit malade, qu’il fasse plus chaud, qu’il soit en poussée de croissance…
C’est le principe de l’offre et de la demande. Le lait s’adapte dans le temps selon l’âge du bébé. Sa composition s’adapte à chaque étape de son développement. Et dieu sait qu’un bébé change ! Le colostrum est riche en protéines, en vitamines E, en B-carotène, zinc et en anticorps. Puis, au début de l’allaitement il y a un mélange de colostrum et de lait mature. Ce lait évolue car c’est un aliment vivant, il va devenir plus gras, plus riche en protéines. Le lait s’adapte même dans l’instant, au cours de la tétée. En fin de tétée, le lait est plus gras et agit comme anti-reflux.
Plus fou encore, certaines études démontreraient que la salive du bébé crée une réaction chimique au contact du lait maternel qui augmenterait les facteurs immunitaires. Il est dingue ce corps humain ?!
A retenir
- La taille des seins n’a donc RIEN A VOIR avec la capacité du corps à fabriquer du lait maternel.
- Le meilleur moyen de lancer la lactation, c’est de stimuler et donc de mettre bébé au sein ou tirer son lait (et, quand tout va bien, ne pas complémenter avec une préparation pour nourrissons).
- Il est mécaniquement possible de démarrer un allaitement loin du feu d’artifice hormonal de l’accouchement, soit dans le cadre d’une relactation (plusieurs semaines après la fin de l’allaitement) ou dans le cadre d’une lactation induite (pour une adoption par exemple).